Alors qu'il avait laissé entendre qu'il démissionnait, le président kirghize déchu, Kourmanbek Bakiev, semble au contraire se préparer à reprendre son pouvoir par la force. Jeudi, il s'est envolé pour le Kazakhstan à la recherche d'éventuels appuis. L'opposition kirghize qui a pris les rênes de commande l'accuse de vouloir provoquer une guerre civile. Les nouveaux affrontements armés qui ont éclaté, jeudi, entre partisans du gouvernement de transition et ceux du président déchu Kourmanbek Bakiev dans le sud du Kirghizstan confirment cette hypothèse, et la crise politique qui secoue depuis le début du mois cette ex-République soviétique d'Asie centrale risque de se transformer en conflit armé dont on redoute les conséquences sur la plan régional. Dans la matinée, des tirs ont retenti au moment où le président Bakiev envisageait de prononcer un discours devant des centaines de ses partisans à Och, dans le sud du pays, son fief, à quelques centaines de mètres d'un autre rassemblement organisé par des partisans du gouvernement intérimaire de l'opposition, ce qui a provoqué de nouveaux affrontements armés entre les deux camps. A la suite de ces nouvelles violences, M. Bakiev a pris la fuite pour se réfugier dans sa région natale de Djalal-Abad (sud), où il a réuni ces derniers jours des milliers de ses partisans. Des gardes du président déchu, armés de fusils automatiques, ont tiré en l'air. Quelques minutes plus tôt, des échauffourées avaient éclaté entre les partisans du nouveau gouvernement et ceux de Bakiev, a rapporté jeudi l'agence de presse russe Interface. Le gouvernement intérimaire kirghiz accuse le président déchu d'armer ses partisans et de pousser le pays à une guerre civile. La situation au Kirghizstan reste toujours explosive alors que des efforts internationaux sont en cours pour tenter de trouver une issue à cette crise politique qui secoue cette ex-République soviétique. Le secrétaire d'Etat américain adjoint pour l'Asie centrale et méridionale Robert Blake a entamé mercredi une visite à Bichkek, capitale du Kirghizstan, où il s'était déjà entretenu avec la chef du gouvernement intérimaire, Rosa Otounbaïeva, dont l'adjoint, Almazbek Atambaïev, a rencontré à Moscou, le chef du gouvernement russe Vladimir Poutine. M. Poutine a critiqué M. Bakiev mercredi, l'accusant d'avoir «dilapidé, pillé, détruit» les ressources du pays. Le Premier ministre russe a également eu des entretiens avec M. Bakiev, selon des agences de presse russes, qui n'ont pas dévoilé le contenu de ces discussions. M. Poutine a exprimé la disposition de son pays à doubler «en cas de besoins», les aides pour le Kirghizstan, souhaitant un retour «à la normale» de la situation dans ce pays. Pour leur part, les Etats-Unis souhaitent une «issue pacifique» au Kirghizstan et ne «prennent pas parti entre le gouvernement provisoire et le président déchu, Kourmanbek Bakiev», a indiqué mercredi Philip Crowley, porte-parole du département d'Etat américain. Par ailleurs, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a estimé mercredi que le Kirghizstan avait été victime d'un «coup d'Etat», critiquant l'attitude de Washington et Moscou vis-à-vis du renversement du président Bakiev.