Le relogement des habitants du quartier Zaâtcha à destination de Tessala El Merdja ne fait pas que des heureux. Beaucoup d'entre eux reprochent aux autorités leur manque de transparence dans l'élaboration de la liste. D'autres déplorent leur hébergement dans des appartements F2, malgré l'instruction du chef de l'Etat émise en 2006 relative à l'arrêt des réalisations de ce type d'appartements. L'opération de démolition du quartier Zaâtcha a été saluée par les autorités qui voient enfin se réaliser la destruction du dernier bidonville d'Alger. Toutefois, les anciens habitants de ce quartier que nous avons rencontrés à Tessala El Merdja disent qu'ils n'étaient pas des «hors-la-loi» et que leurs habitations n'étaient pas des bidonvilles. «Nous ne sommes pas des indus-occupants et notre quartier n'était pas un bidonville. Il date de 1958 et il était reconnu en tant que HLM durant la période coloniale. Nous sommes les petits-enfants des premiers habitants qui se sont installés à Zaâtcha», a affirmé un trentenaire entouré d'une cinquantaine de voisins, tous originaires de ce quartier situé dans la commune de Sidi M'hamed. Mais le problème majeur que craignent les nouveaux locataires des immeubles récemment réceptionnés reste la résurgence d'un surpeuplement dans les 3 ou 4 ans à venir. «Je suis marié depuis 18 ans. J'ai trois enfants âgés de 17 à 12 ans. Dans quelques années, ils connaîtront le même problème que celui que nous avons subi. Pourquoi nous a-t-on donné des logements F2 alors que d'autres, comme ceux du bidonville de Doudou Mokhtar, ont été hébergés dans des F3 ?», s'interroge Mohamed, âgé d'une cinquantaine d'années. «Un jour on construira des bidonvilles dans la cité» Les mêmes explications nous sont données par B. M. qui indique que «même s'il n'a pas d'enfants, il pense à ces centaines de couples qui ont des enfants. Ces derniers vont sûrement atteindre leur majorité. Une fois la vingtaine, ils penseront à créer leurs familles. Les loger dans des F2 n'est franchement pas la solution. Un jour, je vous le garantis, ils construiront des bidonvilles sur les espaces vides qui entourent la cité», prévoit-il. Quant à Zoubir, désespéré par «le manque de transparence qui a caractérisé le délogement», affirme ceci : «au départ, nous devions tous bénéficier de logements F3. Mais les responsables de l'opération ont cru bien faire en transformant des F3 en F2 sans se soucier du nombre des membres par famille. Il y a plusieurs d'entre elles qui abritent en leur sein deux couples, des tantes ou des oncles, y compris des enfants de la proche famille. Dieu merci, nous avons déménagé d'un quartier où les conditions étaient difficiles, mais j'estime qu'il fallait également songer à l'avenir pour mettre fin au problème de l'exiguïté. Ils pouvaient nous livrer des F3 ou F4. Dommage, ce n'est pas le cas. Mais ce que je regrette le plus, c'est que dans quelque temps, d'autres problèmes surgiront.» Plusieurs anciens habitants de Zâatcha n'écartent pas le recours à des mouvements de protestation si leurs voisins, qui n'ont pas bénéficié de logement, ne sont pas intégrés au programme de relogement. «Nous descendrons tous à Zaâtcha pour obliger les autorités à prendre en considération des enfants du quartier restés à l'abandon. Ils n'ont pas où aller. 32 familles n'ont pas profité d'appartements et elles restent à ce jour sans toit. Nous ne sommes pas des égoïstes. Nous avons été élevés dans un esprit de solidarité et nous continuerons à crier haut et fort pour qu'ils obtiennent gain de cause», explique Hassan, qui ajoute que «le déménagement laisse un arrière-goût amer à cause des irrégularités constatées».