Le Snapap célèbre la Journée internationale du travail à sa manière. Il appelle ses instances à un rassemblement devant le ministère du Travail. Il présente une plateforme de revendications qui résume les problèmes des travailleurs de la Fonction publique. Rachid Malaoui, secrétaire général du syndicat, revient sur cette action en dressant un tableau de la situation des fonctionnaires. Le Snapap appelle à un rassemblement devant le ministère du travail et de la sécurité sociale le 2 mai. Qui prendra part à ce mouvement ? C'est une action de protestation que nous avons décidé d'organiser pour exprimer notre désarroi sur la dégradation de la situation socioprofessionnelle des travailleurs de la Fonction publique. Ce rassemblement verra la participation de tous les membres des conseils des fédérations du Snapap activant dans tous les secteurs de la Fonction publique (santé, éducation, communes, formation professionnelle et autres). Nous avons décidé d'organiser cette action qui coïncidera avec la célébration de la journée internationale du travail. Nous avons opté pour le 2 mai car nous avons d'autres activités à organiser le 1er mai. Ceci en plus du fait que nous voulons tenir un rassemblement devant un ministère ouvert et non fermé dans la mesure ou le 1er mai est une journée fériée. Vous avez évoqué la marginalisation des syndicats dans l'élaboration de tous les projets de loi relevant du monde du travail. Quelles sont les répercussions de cette situation ? La marginalisation des syndicats autonomes ne date pas d'aujourd'hui. Elle dure depuis plusieurs années, sachant que nous ne pouvons pas discuter d'une loi sur le régime indemnitaire ou la grille des salaires ou autre sans impliquer les parties impliquées directement et sans que les lois fondamentales du secteur, c'est-à-dire la loi sur la Fonction publique, ne répondent aux aspirations des travailleurs. Nous avons constaté qu'en dépit des manifestations que nous avons organisées et des contestations exprimées par l'ensemble des syndicats, le gouvernement continue d'agir seul et unilatéralement. Il ne soumet pas les projets de loi aux travailleurs et n'offre aucune possibilité de négociations pour apaiser les tensions. Nous avons également constaté que même avec l'UGTA, qui est un syndicat étatique, les pouvoirs publics refusent de dialoguer, préférant dicter les tâches à accomplir sans trop approfondir les choses. Cette situation ne doit pas durer plus que ça. Les syndicats autonomes sont donc déterminés à poursuivre leur combat pour imposer un changement. Le gouvernement doit dialoguer et échanger avec les travailleurs pour trouver les meilleures conditions de travail et améliorer leur situation. Vous revendiquez la levée du voile sur le code du travail. Quelles sont vos propositions ? Nous ne pouvons pas faire des propositions si nous n'avons pas consulté le texte élaboré par le ministère du Travail. Notre travail ne consiste pas à faire des propositions pour rédiger des lois dans la mesure où cela est du ressort des pouvoirs publics mais ce que nous demandons c'est que ces lois soient conformes aux conventions de travail internationales signées et ratifiées par l'Algérie. Nous avons constaté que toutes les lois algériennes, dont celle du travail, enregistrent des défaillances énormes en terme de conformité. La loi 90-11 fait partie des récents textes élaborés après l'ouverture au multipartisme et des libertés et je peux vous dire qu'elle n'est pas légale et non conforme aux conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) signées par l'Algérie. Le changement que nous revendiquons aujourd'hui c'est que le nouveau texte, en voie de préparation, soit en conformité avec les lois internationales. Au début des années 1990, l'Algérie a fait appel aux experts de l'OIT pour élaborer une nouvelle loi en fonction de la réglementation internationale. Au moment de mettre les choses en application, nous constatons que le gouvernement agit, encore une fois, seul, ce qui a suscité notre inquiétude. Je veux citer aussi le problème des travailleurs du Sud. Le problème a été évoqué la première fois par les syndicats autonomes. Les entreprises étrangères font la loi en matière d'application de la législation du travail car elles ont compris que le gouvernement ne les respecte pas et reste incapable de défendre les employés. Ce qui est le cas des exemples que nous avons illustrés. Et ce n'est pas fini. Vous revendiquez l'annulation du système de contractualisation ? Oui, nous appelons à ce que tous les employés contractuels soient permanisés dans leurs postes et qu'on décide de rompre avec le système de contractualisation qui a eu des répercussions insoutenables sur la situation des travailleurs. En effet, il existe actuellement quelque 500 000 employés contractuels dans la Fonction publique, ce qui est inadmissible. Ces travailleurs occupent ces postes depuis 15, voire 20 ans, sans qu'ils bénéficient de permanisation alors que la loi est claire dans ce contexte. Il y a donc entrave à la législation en vigueur. Ceci s'ajoute au fait que cette catégorie de travailleurs rencontrent d'énormes problèmes : ils n'ont pas droit de contracter un crédit, ni de postuler pour un logement vu les salaires minimes qu'ils perçoivent. Le risque de radiation de ces fonctionnaires est réel vu qu'ils peuvent être remerciés à n'importe quel moment sans qu'ils ne perçoivent leur droit. Tous ces éléments font que cette catégorie de travailleurs n'a aucun avenir devant elle et sa prise en charge demeure un problème qu'il faut prendre en charge. La retraite figure dans les revendications. Êtes-vous contre l'annulation de la retraite anticipée ? Les pouvoirs publics veulent revoir l'âge et l'organisation de la retraite pour augmenter les cotisations de la caisse de retraite. Je précise uniquement que l'argent de la retraite a été détourné par la banque Khalifa, ce qui fait qu'il est plus rationnel de chercher à récupérer cet argent et de punir les responsables de cette grande arnaque au lieu de faire payer aux travailleurs les conséquences d'une telle situation. Le Snapap est contre l'annulation de la retraite anticipée. Il faut ouvrir le système de la retraite et laisser la liberté de choix aux travailleurs de partir à l'âge qui leur convient le plus. Pour cela, je pense qu'il faut prendre en considération les nombreuses maladies contractées par les travailleurs dans l'exercice de leur fonction, notamment dans les métiers pénibles. Propos recueillis par