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Le Snapap appelle à une pression internationale sur le pouvoir algérien ALORS QU'IL ORGANISE UN SIT-IN MERCREDI PROCHAIN DEVANT LE PALAIS DU GOUVERNEMENT
Le syndicat menace de lancer une grève illimitée à partir du 31 décembre pour protester contre l'exclusion de 700 000 travailleurs des indemnités de la dernière bipartite. Dans un appartement exigu flanqué au sein de la cité Smaïl-Yefsah, à Bab-Ezzouar, et faisant office de siège à la formation qu'il représente, Rachid Malaoui, secrétaire général du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), a rencontré la presse nationale hier matin. À l'ordre du jour de sa conférence de presse : le débrayage de mercredi prochain. Il convient de rappeler, en effet, que le Snapap avait lancé un appel pour un sit-in devant le Palais du gouvernement pour ce 18 décembre. Rachid Malaoui, s'exprimant sur les raisons de cette action, la présente comme une réaction aux “ratés” de la dernière bipartite qui a fait, selon lui, toute une légion de laissés-pour-compte. “700 000 travailleurs relevant des corps communs, que ce soit dans l'éducation, la santé ou les collectivités locales, sont exclus de ces indemnités”, révèle Malaoui. Le Snapap estime donc qu'il est de son devoir de mobiliser ses troupes pour arracher leurs droits aux personnels qu'il représente, “tous secteurs confondus” car, pour lui, “tous les fonctionnaires doivent faire front commun pour obtenir gain de cause”. Il brocarde, au passage, le Cnes qui, gage-t-il, “ne va pas se mobiliser suite aux indemnités concédées aux enseignants du supérieur”. Malaoui avertit que si ce sit-in n'est pas suivi d'effet, rendez-vous sera immédiatement donné à tous les personnels de l'administration et de la Fonction publique pour le 31 décembre, “jour de la signature de la loi de finances pour 2003”, afin de lancer une grève illimitée jusqu'à satisfaction de toutes leurs revendications. Outre cette question, le secrétaire général du Snapap a tenu à faire le point sur le dernier round des entretiens qu'il a eus avec les instances syndicales internationales. À noter que Rachid Malaoui vient tout juste de rentrer de Genève où il a rencontré des responsables du Bureau international du travail (Bit), du Haut-Commissariat de l'Onu aux droits de l'Homme et de la FIDH entre les 11 et 13 décembre derniers. “Comble de l'intimidation, la veille de mon départ en Suisse, je reçois une notification de la justice m'enjoignant de me présenter devant le juge d'instruction suite à la plainte déposée contre moi par Monsieur sidhoum Saïd (comprendre Sidi-Saïd, ndlr)”, confie Malaoui. Pour notre interlocuteur, cette confrontation par tribunaux interposés sera une occasion idoine pour faire des déballages sur certains dossiers, notamment celui de la gestion des œuvres sociales, une chasse gardée de l'Ugta (un budget estimé à 1 000 milliards de centimes par an, selon le Snapap). Ainsi, Malaoui joue à fond la carte de la pression internationale pour dénoncer les flagrantes entraves aux libertés syndicales dont est coupable le régime algérien. Il semble que le déplacement du patron du Snapap à Genève ait donné ses fruits. “J'ai laissé les experts du comité des libertés syndicales de l'Organisation internationale du travail (OIT) en train de plancher sur la conformité des lois algériennes aux conventions signées par notre pays”, dit-il. Malaoui ajoute que le Bit, après un rapport préliminaire fait en mars dernier, vient de ficeler un rapport dit “intermédiaire” dans lequel on trouve déjà de sévères griefs exprimés à l'encontre du pouvoir algérien. Cela ne donne qu'un avant-goût du rapport final que le Bit présentera en mai prochain. Il y a fort à parier que ce rapport sera très défavorable au régime et à la centrale syndicale. “L'Ugta, qui est membre du conseil d'administration du Bit, a toujours maquillé la réalité syndicale dans notre pays. Mais depuis deux ans, nous avons investi considérablement les instances internationales afin de les sensibiliser sur les nombreux blocages aux libertés syndicales que le pouvoir ne cesse de multiplier. Nous venons, d'ailleurs, d'adhérer à l'Internationale du service public. Nous avons porté plusieurs plaintes au Bit, notamment suite aux déboires qu'ont connus huit syndicalistes du Snapap à Oran. Grâce à cette campagne, nous avons réussi à faire prendre conscience à ces instances de la réalité du terrain, et elles vont faire pression sur le gouvernement algérien.” Malaoui juge particulièrement inadmissible l'obstination affichée par les pouvoirs publics à refuser d'agréer la Confédération algérienne des syndicats autonomes (Casa). Sans parler de l'exclusion systématique du Snapap de tous les rounds de négociation avec le gouvernement, “alors que nous avons été consultés sous Hamrouche et Ghozali”, note Malaoui. “Je comprends à la limite qu'on nous exclue des négociations engageant des secteurs économiques où le Snapap n'est pas présent. Mais la Fonction publique, c'est notre créneau, et le gouvernement, qui se gargarise à chaque fois de considérations sur la représentativité, nous a toujours écartés, alors que nous sommes la deuxième formation syndicale du pays”, fait-il remarquer. S'exprimant au sujet du colloque international, qui se penche actuellement sur la réforme de l'administration, le secrétaire général du Snapap se dit outré et scandalisé d'entendre un expert de Bruxelles dire : “40% des travailleurs relèvent de la Fonction publique, c'est trop !” Et de commenter : “Cela signifie qu'on va vers un dégraissement massif des effectifs de la Fonction publique. On trouve que c'est trop d'employer 1 400 000 fonctionnaires. 500 000 emplois vont d'emblée être supprimés au nom des réformes.” M. B.