Alors que la direction de l'éducation assure avoir fait l'essentiel pour que les grèves répétitives qu'a connues le secteur depuis le début de l'année sont sans conséquences sur le cursus scolaire des candidats au baccalauréat, la crainte des parents de voir leurs enfants rendre feuille blanche en juin est de plus en plus évidente à Annaba. Un sommaire état des lieux dans cette wilaya, où le taux de suivi du mouvement de grève observé par les enseignants du secondaire a été le plus important au niveau national, est plus que révélateur sur l'appréhension qui prévaut ici. En effet, aucun des parents d'élèves que nous avons rencontrés n'a semblé rassuré par les promesses faites par le ministère de tutelle sur la mise en œuvre d'un programme de rattrapage des cours perdus durant les cinq semaines de débrayage. Pas plus qu'ils ne croient en la prise en compte des seuls programmes étudiés lors de l'élaboration des questionnaires d'examen s'agissant du baccalauréat. «Mon fils fréquente le lycée Moubarak El Mili qui passe pour l'un des plus performants à Annaba et dont il est l'un des meilleurs élèves, il n'empêche que j'ai très peur pour son bac sciences. Le deuxième trimestre a été pratiquement désastreux pour lui alors que j'ai tout fait pour rattraper les ratages subis par des cours de soutiens en maths et en physique, deux matières essentielles», se plaint ce père de famille. Cet autre membre de l'association des parents d'élèves du lycée St Augustin, le plus ancien établissement du secondaire de la ville, dont le palmarès en la matière n'est pas négligeable, ne décolère pas. «L'action des enseignants, pour légitime qu'elle soit, n'aurait jamais dû se faire sur le dos de nos enfants. Je suis très sceptique quant aux résultats qu'ils pourront arracher. Déjà qu'en temps normal leur niveau laisse à désirer…» L'avis des concernés est des plus mitigés, du moins chez ceux que nous avons pu questionner à ce propos. Tarik, 18 ans, l'allure d'un premier de sa classe, semble serein en ces temps d'incertitude. Selon lui, la grève c'est l'affaire des profs et il ne conteste pas le choix que ces derniers ont fait en désertant les cours. «Notre lycée a fait de grands efforts en organisant des cours de rattrapage en plus du programme de ce mois d'avril sur les leçons susceptibles de figurer aux examens. De notre côté, nous nous sommes organisés à cinq pour travailler sur des Bordas. Nous avons même pioché dans les sujets de l'année dernière pour mieux nous préparer au bac» dira-t-il sur un ton décidé. Ce qui n'est pas le cas de son voisin de quartier, Salim, qui souhaite tomber sur des sujets qu'il a potassés. Sinon, Allah Ghaleb…