Les parents d'élèves sont inquiets ; leurs enfants risquent de perdre une année de leur cursus scolaire. Et face à cette inquiétude, c'est toujours l'impasse ! Alors que les deux syndicats initiateurs de la grève, qui a débuté le 24 février dernier, restent intransigeants, le ministère de l'Education nationale s'avoue impuissant. Aucune solution n'est envisagée pour le moment pour sauver l'année scolaire et, par conséquent, l'avenir des élèves. A moins de quatre mois des examens décisifs (baccalauréat, BEM et entrée en sixième), les retards dans la dispense des programmes scolaires s'accumulent. « Une semaine de grève supplémentaire risque de compromettre définitivement l'année scolaire en cours », soutient le secrétaire général du Cnapest, Nouar Larbi. Il est peut-être déjà trop tard. Puisque le rattrapage d'un mois de retard relève aujourd'hui de l'impossible, quand on sait qu'il y a aussi des programmes qui doivent être dispensés durant le restant du deuxième trimestre et le troisième aussi. Une courte durée qui est, de l'avis même des spécialistes, insuffisante si l'on veut assurer un enseignement de qualité aux élèves. Mais avant de parler de rattrapage, il faut d'abord que les enseignants mettent fin à leur débrayage. Comment faire pour arrêter la grève ? Le ministère de l'Education nationale pense que tout a été fait. Alors, les responsables de ce département se contentent d'interpeller les enseignants. « Il faut qu'il y ait un sursaut d'orgueil salvateur des enseignants et des syndicats, parce que nous nous acheminons vers une grave dérive », affirme le conseiller à la communication du ministère, que nous avons contacté hier. Est-ce suffisant pour sauver l'année scolaire ? Le même responsable réaffirme encore une fois que « cette grève est injustifiée ». « Les principales revendications des enseignants ont été satisfaites. Ils n'ont qu'à attendre leurs prochaines fiches de paie pour jauger les acquis qu'ils ont obtenus. Je suis sûr qu'ils seront étonnés par les salaires qu'ils toucheront. Maintenant, la balle est dans le camp des syndicats », déclare-t-il. Selon lui, une directive du ministère a même été envoyée aux directions de l'éducation et aux établissements scolaires pour qu'ils fournissent toutes les informations concernant les augmentations de salaires aux travailleurs. « Nous voulons lever toute ambiguïté », estime-t-il. Suppression des vacances de printemps : « Rien n'est décidé » A la question de savoir si le ministère a pris des dispositions pour rattraper le retard accumulé, notre interlocuteur affirme qu'aucune décision n'a été prise pour le moment. La suppression des vacances de printemps (du 18 mars au 4 avril prochain) reste, selon lui, « une piste parmi d'autres ». Cela veut dire que la tutelle ne sait pas encore comment procéder. Pourquoi le ministère n'applique-t-il pas les accords conclus dans le cadre des commissions mixtes chargées des dossiers des œuvres sociales et de la médecine du travail ? Notre interlocuteur précise que le ministère ne s'est pas rétracté. « Le traitement des dossiers est toujours en cours. Ce n'est pas une raison valable pour faire grève », explique-t-il. Toutes ces explications sont balayées d'un revers de la main par les syndicats. « Les intendants ont rejoint le mouvement de grève aujourd'hui (hier, ndlr). Cela prouve que nous avons raison quand nous disons que les augmentations des salaires sont dérisoires », lancent les représentants de l'Unpef et du Cnapest. Pour Nouar Larbi, le seul responsable de cette situation est le ministère de l'Education nationale. « Nous lui avons accordé le temps nécessaire pour appliquer les engagements pris et il n'a rien fait », soutient-il. Même son de cloche chez les responsables de l'Unpef : « Nous aussi, nous avons des enfants scolarisés et nous pensons à leur avenir. Le ministère doit prendre ses responsabilités », précise Messaoud Amraoui, chargé de communication à l'Unpef. La grève, enchaîne-t-il, se poursuivra « tant que les revendications ne sont pas satisfaites ».