Les différents titres de la presse font des pieds et des mains afin de couvrir le maximum d'événements à travers le territoire national, en essayant d'enrôler un nombre important de correspondants locaux. C'est ainsi que vingt ans après la libéralisation de la presse en Algérie, il ne se trouve pas un titre qui ne renferme pas une équipe de correspondants locaux. Lesquels restent toujours sans statut. Beaucoup d'entre eux ne bénéficient pas d'un cadre de travail adéquat. En pratique, les correspondants de presse ne sont pas salariés dans la plupart des cas, mais des travailleurs indépendants payés à la pige. Personnages bien connus des villages et parfois des quartiers des grandes villes, les correspondants locaux sont des travailleurs indépendants dont l'activité consiste à sillonner les contrées de leur région à la recherche d'informations qui suscitent un intérêt pour la rédaction centrale de leur journal. N'étant pas des travailleurs liés aux entreprises de presse à temps plein, les correspondants de presse, dans la plupart des cas, jouissent généralement de leur qualité d'employés dans un domaine autre que la presse. Et ils font le journalisme en parallèle, soit pour l'amour du métier et des lettres pour les uns, où afin de gagner un peu d'argent en sus de leurs salaires pour d'autres. Parfois, on peut trouver des correspondants de presse qui ne vivent que de leurs écrits. Parmi ceux-ci, il existe deux catégories : les correspondants qui sont liés au titre de presse par un contrat moyennant un salaire contre un nombre d'articles publiés chaque mois, d'un côté, et les correspondants qui sont payés en fonction des articles fournis, sans tenir compte des écrits qui n'ont pas été édités. A l'instar de Salem qui se dit «lésé dans ce sens», lui qui a fait tout un cursus dans la spécialité pour «se retrouver aujourd'hui dans un statut précaire». «Je ne jouis d'aucun statut qui peut me conférer un salaire respectable, sinon un pécule qui ne me permet même pas de joindre les deux bouts», nous avoue-t-il. Sans statut ni couverture sociale En Algérie, depuis la libéralisation de la presse écrite en 1990, beaucoup de titres ont vu le jour et la concurrence est à son comble actuellement. Pour toucher le plus grand nombre de localités et de régions du pays, les éditeurs de presse engagent des correspondants dans toutes les wilayas et grandes villes du territoire afin d'étoffer leurs équipes, et surtout permettre à leurs titres de presse de se faire un lectorat parmi les habitants des régions ciblées. C'est ainsi que beaucoup de titres ont ouvert des bureaux régionaux dans les principaux chefs-lieux de wilaya, faisant état de plaques tournantes des régions principales du pays. C'est le cas d'Oran pour l'Ouest, Tizi Ouzou et Béjaïa dans la région de Kabylie, Constantine et Annaba à l'est du pays, et Ouargla dans le Sud. Mais ceci ne veut en aucun cas signifier que les autres wilayas ne renferment pas de correspondants locaux, mais à un degré moindre certes, à l'instar de Boumerdès, Chlef, Blida ou Hassi Messaoud, pour ne citer que celles-là. C'est ainsi que les quatre-vingt titres de la presse nationale se sont livrés à une bataille rangée dans la conquête des territoires foisonnant d'informations qui suscitent l'intérêt du lecteur algérien en général, ou du lecteur de la région en particulier. Mais il reste que l'absence de statut gérant le métier des correspondants de presse fait que beaucoup d'entre eux restent sans salaire fixe, ni assurance maladie où maternité, et encore moins le départ à la retraite. C'est ainsi que les correspondants de presse en Algérie commencent à s'organiser en associations afin de revendiquer un statut particulier, ou le cas échéant des contrats réels avec leurs organismes employeurs, comme il s'avère être le cas dans la wilaya de Tizi Ouzou. Une localité qui «renferme une cinquantaine de correspondants locaux dont la plupart, à l'exception des correspondants travaillant avec les grands titres de la presse nationale, restent sans clause quelconque les liant à l'entreprise», affirme un journaliste local, qui ajoutera que «le correspondant de presse à Tizi Ouzou reste confronté à des conditions de travail difficiles, qui se caractérisent par la difficulté de l'accès à l'information, en sus de l'inexistence de bureaux locaux pour la plupart d'entre eux». Par ailleurs, et à titre d'exemple, le correspondant «prend en charge diverses infos (politique, sport, sécuritaire...) mais l'accès aux sources est très difficile, en plus du fait de la proximité qui fait subir au journaliste local des pressions (autorités locales, administration, notables, citoyens) ce qui parfois amène à une situation regrettable sur le plan éthique et professionnel qui est l'autocensure», affirme un correspondant du journal El Watan à Tizi Ouzou. Pour conclure, notons que les correspondants de presse exerçant dans la wilaya de Béjaïa marqueront la journée d'aujourd'hui qui coïncide avec la Journée internationale de la liberté de la presse, par l'organisation d'un colloque auquel prendront part des éditeurs de la presse nationale, et ce, dans le but de débattre des difficultés auxquelles font face les correspondants de presse.