La Chambre nationale d'agriculture est sans président depuis la fin de la semaine dernière. Le ministre de l'Agriculture et du développement rural, Rachid Benaissa, a décidé de révoquer le président en exercice Cherif Ould El Hocine, alors que le mandat de ce dernier expirait dans quelques semaines et que de nouvelles élections pour élire un nouveau président étaient déjà prévues pour la fin du mois de mai ou au plus tard au début du mois de juin prochain, a-t-on appris auprès d'une source proche du dossier. L'on se demande pourquoi le ministre a préféré user de son droit d'évincer l'actuel président au lieu d'attendre l'expiration du mandat de l'actuel président et l'organisation des nouvelles élections prévues dans moins d'un mois. La chambre nationale d'agriculture est un organisme public, ce qui confère au ministre le droit d'intervenir et d'évincer son président, malgré le fait qu'il soit élu par l'assemblée générale, a tenu à expliquer la même source. Le ministre a agi de la sorte dans le souci de préserver les intérêts de la chambre et par là même ceux des agriculteurs, «car M. Ould El Hocine a voulu faire passer des projets qui vont à l'encontre des intérêts des agriculteurs et auxquels se sont opposés les membres du conseil d'administration», fait savoir notre source. Cependant, le président de la chambre a été révoqué, estime une personne très proche de lui qui a requis l'anonymat, pour des divergences entre les deux hommes. D'ailleurs, le ministre n'a pas manqué à plusieurs reprises de rappeler à l'ordre le président de la chambre suite à des déclarations faites sur certaines questions portant sur la politique agricole. La goutte qui a fait déborder le vase est la vision de la chambre de l'agriculture sur le foncier agricole et la réforme envisagée par le ministère portant sur un système de concession de 40 ans, alors que Ould El Hocine plaidait pour le maintien de l'ancien système de jouissance. Le limogeage est perçu par des professionnels comme une manière de désavouer M. Ould El Hocine, qui a passé 20 ans à la chambre comme vice-président entre 1992-2005 et président de cette organisation professionnelle depuis février 2005. En évinçant l'actuel président, les professionnels du monde agricole évoquent déjà l'utilité d'organiser les prochaines élections pour élire un président alors que ce dernier peut être révoqué par le ministre et non pas par ceux qui l'ont désigné à la tête de l'organisation. En attendant les nouvelles élections, la secrétaire générale de la chambre, Bouchera Aït Ali Slimane, a été désignée par le ministère comme présidente intérimaire, en attendant les nouvelles élections. Le secteur agricole qui a bénéficié d'une enveloppe de 1000 milliards de DA dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014 devra bénéficier d'une fédération de l'ensemble des efforts pour lui garantir les conditions de réussite, souhaitent des professionnels.