L'algérien est parmi les plus grands consommateurs de blé dans le monde avec une moyenne annuelle de 231 kg/habitant/an. Le blé (dur et tendre) constitue 60% de l'apport calorique de la ration alimentaire et représente 70% de l'apport protéique et 88% de l'apport protéique végétal, a précisé Abdelmalek Tacherift, universitaire spécialisé dans l'agriculture. Lors de la journée parlementaire sur la sécurité alimentaire, on apprend que par tête d'habitant, la consommation est passée de 131 kg/habitant/an en 1960 à 203 kg/habitant/an en 2000. La moyenne mondiale est estimée par l'expert à 100 kg/habitant/an pour la même année (2000). Cette constante progression de la consommation s'explique par le fait que les prix des céréales sont soutenus par l'Etat, permettant à une bonne partie de la population d'assurer sa ration alimentaire. Or, remarquera l'universitaire, la production nationale ne couvre que 30% des besoins de la population. La production nationale en céréales connaît plusieurs difficultés, a-t-il indiqué, citant notamment la sécheresse et la réticence des agriculteurs à appliquer les nouvelles techniques de production. Une situation aggravée par le taux des terres en jachère qui est actuellement de 48% sur une superficie agricole de 7,8 millions d'hectares. Selon lui, le rendement à l'hectare n'a pas dépassé les 8 quintaux à l'hectare au cours des 50 dernières années. Même s'il a atteint une moyenne de 17 qx/ha, il reste loin des besoins de la population. Ce qui imposera au pays de continuer d'importer d'importantes quantités en blé dur et tendre. 80% du blé importé proviennent de l'UE Mais, ce qui est inquiétant, poursuit Abdelmalek Tacherift, c'est le maintien des importations en provenance d'Europe et particulièrement de France alors que les prix du blé dans les pays de l'UE dépassent de 20 à 70 dollars par tonne ceux des Etats-Unis. En mai 2007, par exemple, le prix du blé américain était de 190 dollars la tonne contre 210 dollars la tonne pour le blé de l'UE. Sachant que 85% des importations de blé proviennent des pays de l'UE, l'Algérie perd des millions de dollars par ce choix de pays d'importation. Le soutien à la filière céréalière demeure faible en Algérie puisque seules «10% des exploitations agricoles et 10% des superficies agricoles bénéficient du soutien du Fonds national de régulation et de développement agricole (FNRDA)», loin des deux millions d'exploitations aux USA qui bénéficient d'une aide annuelle de 30 milliards de dollars. Afin de satisfaire les besoins croissants pour la consommation des céréales, l'Algérie restera un important importateur. L'universitaire proposera, à cet effet, de réduire les superficies en jachère et augmenter les surfaces consacrées aux céréales, le développement de l'irrigation à travers la construction de nouveaux barrages et la résolution du problème du foncier agricole qui reste la principale entrave devant le développement du secteur.