Si «la femme est l'avenir de l'homme», comme disait le poète, sa situation pour cette plasticienne est peu enviable au regard de tant de sujétion, d'injustice et de souffrance. C'est ce qui ressort de l'exposition de Yasmina Saadoun, qui se tient du 2 au 14 mai à la galerie Colorset à Hydra. L'artiste a focalisé sur la femme, point nodal de toute son œuvre. La femme dans tous ses états, malheureuse, désespérée, en colère, en souffrance, préoccupée. Pour l'artiste, la femme croulant sous des problèmes de la vie et du quotidien semble muselée. Son lot quotidien ? Peu de droits et beaucoup de contraintes. Cette douleur et souffrance se lisent sur bon nombre de toiles malgré des couleurs vives porteuses d'espoir et de lendemains meilleurs. Enserrées dans un carcan de traditions qui limitent sa liberté, ces silhouettes de femmes semblent dire tout leur désarroi. Leurs bouches invisibles témoignent de leur silence et de leur réserve. Cette symbolique raconte l'épopée de ces femmes dont les voix ne sont pas entendues. Seuls leurs yeux grands ouverts disent la démesure de leur situation désespérée. Evoluant dans une société d'hommes, dont le regard est dur et castrateur, ces femmes se sentent entravées dans leur liberté. Que n'a-t-on tant de fois étouffé son appel et son cri ? Il reste comme un leitmotiv inscrit au fil du temps. Un choix ingénieux de couleurs De ces tons chamarrés se dégagent beaucoup de certitudes et de convictions pour des lendemains meilleurs et plus cléments. Ces yeux gorgés d'espérance sont une fenêtre ouverte à des horizons nouveaux et à des jours enchanteurs. Malgré ces regards taciturnes et accablés, elles sont porteuses de promesses et d'espoir. Axant sur le jaune, l'orange, le rouge, le vert, elle privilégie ces teintes criardes qui plaident pour la beauté et la joie de ces femmes, mais faute de droits elles sont indéniablement sombres et affligées. Sa technique de prédilection reste la peinture à l'huile de par sa flexibilité. De visu, on remarque seulement deux magnifiques aquarelles. Le procédé à l'huile renvoie mieux à ses impressions et état d'âme. Ce qui n'exclut en rien d'autres méthodes comme le collage, l'acrylique, le pastel et l'aquarelle que Yasmina apprécie également. Notons que cette artiste exerce comme enseignante d'art à Constantine. Ses toiles se déclinent par le choix ingénieux des couleurs et par cette thématique d'actualité. Une exposition qui vaut le détour.