Artiste n Slimane Raïs est un jeune plasticien algérien qui vit et travaille à Grenoble (France). Il présente depuis jeudi au Centre culturel français un ensemble d'œuvres artistiques, notamment des installations à l'exemple de «A quoi rêvent les méduses». Cette installation au port insolite est une mise en situation d'une réalité, celle en particulier de la société algérienne : elle met en scène un bidon-ville. Les murs de la cabane de chantier couverte d'une tôle sont faits de parpaings. Sur le toit en zinc sont installées des antennes paraboliques. A l'intérieur de la maisonnée de fortune, est installée un téléviseur où est projeté un film : des personnes, hommes et femmes, qui, à cœur ouvert, parlent, semblent raconter une histoire, la leur. S'exprimant sur cette installation, Slimane Raïs a dit : «C'est une création qui remonte à 2003. Je l'ai réalisée à Constantine dans le cadre de «L'année de l'Algérie en France». J'ai demandé à des jeunes de raconter leurs rêves nocturnes dans une situation réelle» L'artiste a, ensuite, expliqué que «les antennes paraboliques avec leurs câbles, tels des tentacules, renvoient à la méduse, un animal marin à la fois beau et dangereux.» Comme la méduse, les antennes paraboliques véhicules d'images sont le reflet d'une culture séduisante et aliénante. Une autre installation encore plus hasardeuse et saisissante interpelle le regard tant la profusion d'images ne laisse en aucun cas l'observateur indifférent. Interrogé sur cette abondance d'images, l'artiste expliquera : «Ces images sont des images des autres que j'ai récupérées. Chacune réfère à un contexte défini. Chacune raconte une histoire, véhicule des sentiments et est chargée d'impressions et de souvenirs. Chacune est en rapport avec l'individu qui l'a portée en soi. Et en collectant toutes ces images – il s'agit de photographies tirées de divers magazines – j'ai pu les assembler et les recomposer sur du papier peint.» Ainsi, une grande tapisserie sur laquelle figure à l'infini une multitude d'images, images entretenant les unes avec les autres une relation d'identification et de complémentarité, images formant un tout, une seule unité sémantique, couvrent les cimaises de la galerie, donnant alors une lecture ouverte de l'homme en rapport avec la société où il est ancré. L'on s'aperçoit effectivement, et en parcourant l'exposition qui se prolongera jusqu'au 6 mars, que l'œuvre de Slimane Raïs est faite d'images qui racontent l'homme dans diverses situations. D'où l'expression, selon France Culture, «Slimane Raïs, plasticien de la matière humaine». Slimane Raïs, qui, par sa création inhabituelle, contribue à l'écriture de l'histoire de l'art contemporain, se définit comme un plasticien, un artiste qui, s'intéressant à l'homme non pas dans son individualité, mais plutôt dans son universalité, se met en quête d'identités, de sensibilités humaines ainsi que des psychologies sociales. Son travail consiste à transférer par le biais de l'art des histoires, des situations, des vécus. L'homme devient matière qu'il juge intéressant d'exploiter pour en faire une œuvre d'art, un concept esthétique. L'homme devient en soi sujet de création, donc de réflexion artistique.