L'euro est tombé vendredi à son plus bas niveau depuis fin octobre 2008, sous 1,24 dollar, plombé par des inquiétudes grandissantes sur la viabilité de la zone euro. Pour les analystes de Capital Economics, ces inquiétudes, soutenues par une reprise économique qui reste à la traîne par rapport aux Etats-Unis, devraient entraîner l'euro jusqu'à 1,10 dollar cette année, et à la parité à fin 2011. L'euro a perdu plus 1% de sa valeur depuis jeudi soir, et plus de 3% en une semaine. Cette chute de la monnaie européenne a un impact sur l'économie algérienne. Les économistes algériens estiment que les termes de l'échange vont pouvoir se redresser pour l'Algérie puisqu'elle exporte en dollars et importe en euros. Pour plus de détails, nous avons contacté hier Mustapha Mekideche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES). Cet économiste estime qu'«à court terme, la baisse de la valeur de l'euro est favorable à l'économie algérienne». Il explique que «du moment que nos importations sont libellées en euros, cela permettra de diminuer notre facture d'importation à partir de la zone euro». D'autre part, M. Mekideche juge que «notre balance de paiement va profiter pleinement de cette chute, car en parallèle, le dollar est réévalué». Interrogé sur les répercussions à long terme, notre interlocuteur avance toutefois que «cela peut être inquiétant si la crise se poursuit en Europe et que la valeur de l'euro continue de chuter. Cela risque de poser un problème en matière de demande notamment énergétiqu». M. Mekideche estime qu'on ne peut pas prévenir à quel moment l'impact peut être ressenti : «cela dépendra de la situation de l'euro, il peut se stabiliser ou chuter encore ; si la tendance générale continue de confirmer cette baisse, les effets vont effectivement commencer à se ressentir sur nos importations», a-t-il conclu. Les produits européens devraient gagner en compétitivité De son côté, Lies Kerrar, économiste et président de Humilis Corporate Finance Advisory estime que «pour la partie de nos importations venant d'Europe, cela devrait augmenter le pouvoir d'achat de l'Algérie. D'autre part, les produits en provenance de la zone euro devraient gagner en compétitivité par rapport aux produits provenant de zone dollar». Toutefois, M. Kerrar nous explique qu' «hormis pour le secteur agroalimentaire, cela ne devrait pas changer de façon radicale la structure et la provenance de nos importations. En effet, dans plusieurs secteurs, les produits asiatiques resteront plus compétitifs, même s'ils sont vendus dollars». En ce qui concerne notre balance de paiement et nos réserves de change, notre interlocuteur affirme que «compte tenu de la politique conservatrice et classique affichée par nos autorités monétaires, cela ne devrait pas avoir d'impact majeur. En général, dans une approche conservatrice, les réserves de change sont placées dans des monnaies reflétant la structure de nos importations et exportations», a-t-il expliqué. M. Kerrar considère que «l'impact ne sera pas nécessairement visible compte tenu que plusieurs autres facteurs vont influer sur nos importations et exportations. Pour nos exportations, il s'agit principalement de l'évolution du cours des hydrocarbures. Pour nos importations, les différentes mesures prises par les autorités, l'effet des démantèlements tarifaires (de la Zone arabe de libre- échange) doivent être pris en compte. Enfin, la gestion du cours du dinar par rapport au dollar et à l'euro aura son impact». «Depuis le début de la crise de l'euro, le dinar a gardé une relative parité avec le dollar et s'est apprécié par rapport à l'euro», relève-t-il.