Le collectif des invalides, appelés sous les drapeaux durant la décennie noire pour lutter contre le terrorisme, a organisé hier, en face du ministère de la Défense, un sit-in pour protester contre les promesses non tenues du gouvernement concernant leur indemnisation «à juste titre». Une centaine d'invalides, en l'occurrence des appelés ayant combattu le terrorisme durant la décennie noire, ont protesté hier pour mettre en relief les difficiles conditions de vie qu'ils subissent quotidiennement, dénoncer les pensions misérables qu'ils perçoivent et les promesses non tenues du gouvernement. «Nous avons répondu présent à l'appel de notre pays pour combattre le terrorisme. Malgré nos précédents rassemblements et les promesses d'Ouyahia, nous sommes toujours humiliés et nous n'avons pas perçu les indemnités que nous avons demandées», a affirmé Omar, loin des yeux des policiers appelés pour les évacuer des lieux. En effet, le rassemblement des invalides a été empêché par les services de l'ordre. Les casques bleus ont même commencé à les bousculer pour que ces derniers rebroussent chemin et rejoignent leur wilaya d'origine. D'ailleurs, un minibus était stationné tout près de l'ancienne station-service et à proximité du lieu du rassemblement, et ce, pour les embarquer vers les gares routières. Pour légitimer leur sit-in, les invalides arboraient leurs prothèses. Les bras et les jambes arrachés durant les opérations de lutte contre le terrorisme ont été remplacés par ces prothèses que les contestataires ont déposées sur une parcelle de gazon en face du ministère de la Défense. D'autres, béquilles à la main, essayaient d'organiser au mieux le sit-in de protestation. «C'est tragique. Voici les récompenses de ceux qui ont lutté contre les terroristes. Ces jeunes ne demandent qu'à être indemnisés pour se soigner ou vivre dignement. Les terroristes descendus des maquis ont reçu des millions. Et je ne comprends pas pourquoi ces invalides n'ont pas profité d'indemnités pour les épargner, eux et leur famille, de la pauvreté», a affirmé Mohamed, un riverain d'une quarantaine d'années qui a vite sympathisé avec les protestataires. Au moment où nous mettons sous presse, les casques bleus forcent les invalides à quitter le secteur du ministère de la Défense sous le regard étonné des automobilistes.