Le sélectionneur de l'équipe de France vient d'ajouter au malaise un… malaise chez les observateurs et plus largement au sein de l'opinion publique la plus large. En écartant de sa liste Karim Benzema et Samir Nasri, deux valeurs sûres du football français, Raymond Domenech a confirmé au moins une chose : sa propension à vouloir se donner raison en poussant au paroxysme les travers qui lui sont consensuellement reprochés. Mais cela, on s'y attendait un peu, l'homme a toujours pensé pouvoir compenser son incompétence avérée par une philosophie de l'énigme qui puisse le situer sur le terrain des génies incompris. Sauvé – comme le célèbre fugitif – in-extremis par un retour providentiel de Zidane pour qualifier la France à la Coupe du monde de 2006, Domenech a pu profiter du reliquat d'une génération exceptionnelle pour parvenir en finale et s'offrir une grâce tout aussi providentielle. Le revoilà dans des souliers bien plus serrés encore. Thierry Henry, son homme-lige, fait banquette au Barça et rate lamentablement ses rares apparitions, avant de révéler au monde entier ses vertus de petit tricheur qui «fait honte à la France». Dans l'antichambre des légendes, attendait un bambin de 20 ans qui fait déjà chavirer. Comme Zidane, il a du talent à revendre, comme Zidane il est d'origine algérienne et plus tôt que Zidane il s'offre le plus grand club du monde. Domenech ne l'a pas pris parce qu'il n'a pas fait une grande saison ? Voyons. Quatorze matches, huit buts. Aucune comparaison avec Henry dont une blague succulente dit qu'il se dispute régulièrement avec sa femme parce qu'elle ne le croit pas quand il lui dit qu'il joue à Barcelone ! Domenech pousse plus loin la provoc. D'abord en souriant cyniquement quand on lui dit comment on peut sélectionner Govou, remplaçant à Lyon et pas Benzema remplaçant au Real, puis en bouclant la boucle : il est encore jeune, il peut attendre ! «C'est fou ce que Domenech peut faire de ses règlements de comptes et sa haine une théorie du football», s'est indigné un célèbre chroniqueur qui doit savoir ce qu'il dit. Comme Benzema, il a du génie, comme Benzema il est d'origine algérienne et quasiment à un an près, il s'offre l'un des plus grands clubs d'Europe Arsenal. Lui, c'est Samir Nasri, qui a eu un jour l'outrecuidance de refuser de céder son siège de bus à… Thierry Henry, celui qui a qualifié la France «haut la main» au Mondial sud-africain. Comme Benzema et Nasri, il a un talent fou, comme Benzema et Nasri, il est beur. Saison individuelle et collective époustouflante à Marseille, il a éclaté littéralement après avoir, pendant des années, convaincu tout le monde sur ses qualités intrinsèques. Comme Benzema et Nasri, le petit «Tunisien» n'ira pas en coupe du monde après avoir fait illusion dans une liste de 30 destinée à noyer le poisson dans l'eau. Voilà pour l'autre malaise, qui n'a pas soulevé trop de commentaires comme le premier, sans doute parce qu'il est plus gros. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir