Cinq personnes poursuivies pour avoir aidé dans sa fuite entre 1999 et 2003 le nationaliste corse Yvan Colonna ont été présentées hier à la justice dans un procès ouvert hier au tribunal correctionnel de Paris. Auparavant, un regroupement de soutien aux accusés affichait une banderole dont les termes évoquent a priori plus un élan de générosité humaine qu'un acte militant que manifestement ils ne sont pas disposés à assumer. «L'hospitalité n'est pas un crime», disait la banderole qui a attiré le zoom de toutes les caméras présentes pour la circonstance. La justice française va-t-elle pour autant céder à l'argument de défense partagé entre l'élan de pur altruisme clamé sans grand enthousiasme, le sentiment d'avoir quelque chose à partager avec l'assassin du préfet Erignac et l'ignorance ou encore le pressentiment de son innocence ? A commencer par le premier prévenu interrogé qui a expliqué qu'il n'était pas «nationaliste» et n'avait donc pas accompli un acte politique mais seulement répondu favorablement à une sollicitation. Il pensait et pense toujours Yvan Colonna innocent de l'assassinat du préfet. Il a même raconté avoir une fois conduit «le berger de Cargèse» à la plage, et apparemment pas pour une rencontre militante. «Il avait sa serviette et son maillot», a-t-il dit. Ou encore cette chanteuse très connue en corse qui déclarait qu'elle avait hébergé le fugitif par hospitalité et qu'elle était «sereine» parce qu'elle n'avait rien à se reprocher. Le dossier reste sensible en Corse, où la violence politique n'a jamais cessé et où les listes nationalistes et régionalistes ont obtenu plus de 35% des voix aux élections régionales de mars dernier, dont 25% pour celle conduite par Gilles Simeoni… avocat d'Yvan Colonna. Entre un procès qui risque de «rebondir», Yvan Colonna ayant toujours déclaré qu'il était étranger à l'assassinat du préfet Erignac, avant même l'examen par la Cour de cassation d'un dernier recours contre sa condamnation en appel à la perpétuité assortie de 18 ans de sûreté, les appréhensions de la majorité qui ont fait de son arrestation un trophée à ne pas lâcher et une opinion corse qui ne crie pas toujours sur les toits ses convictions intimes, cette histoire n'est pas faite que de gestes de générosité humaine. De part et d'autre de la barre. Et de la mer. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir