Le procès de Amar Saïfi, ex-numéro deux du GSPC, extradé le 27 octobre 2004 de Libye, qui devait être jugé avec cinq autres accusés a été renvoyé à la prochaine session criminelle. Le tribunal a motivé ce report par l'absence d'un des terroristes actuellement en détention à Constantine. Très attendu par les observateurs, le procès de Amar Saïfi dit Abderrezak El-Para prévu hier devant le tribunal criminel d'Alger, en compagnie de cinq autres accusés poursuivis pour le chef d'inculpation “d'appartenance à un groupe armé”, a été finalement renvoyé à la prochaine session criminelle, probablement en mai ou en septembre prochains. Le tribunal a motivé ce renvoi par l'absence d'un des accusés, en l'occurrence Salah Eddine N., en détention dans une prison à Constantine. Selon la représentante du ministère public, une demande de transfert de cet accusé a été formulée aux autorités judiciaires de Constantine, lesquelles n'ont pas donné suite à cette requête. Un argument cependant qui n'a pas semblé trop convaincre les avocats. Mais, fait curieux, l'absence de l'illustre terroriste, en l'occurrence “El-Para”, n'a pas suscité de commentaires autant chez les avocats que chez la juge. C'est à peine si son nom a été évoqué par la juge lors de la citation des accusés et un regard furtif lancé au box, comme pour bien s'assurer de son absence. Une absence du reste que les avocats expliquent en aparté, presque sous forme de confidence, que le tribunal s'est appuyé sur l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation datant de mai 2004 et selon lequel “El-Para est cité en fuite”. Autant dire donc qu'il est toujours considéré comme tel. Il faut noter, par ailleurs, que l'absence de déploiement important des services de sécurité laissait présager le report de l'audience. De coutume, la venue au tribunal d'un accusé qui jouit d'une réputation, comme on l'avait vu lors du procès de l'“émir” Benaïcha contre le journal El Khabar en 2001, s'accompagne souvent d'une présence renforcée des services de sécurité. Dès lors la question coule de source : pourquoi Amar Saïfi n'est pas venu au tribunal ? Et pourquoi est-il considéré comme étant toujours en fuite ? Extradé le 27 octobre 2004 par les autorités libyennes, Abderrezak El-Para, détenu quelque temps auparavant par le mouvement rebelle tchadien le MJDT, devait légalement être remis aux autorités judiciaires après la période légale de garde à vue, laquelle ne dépassant pas la durée maximale de 14 jours. Une dépêche de l'agence officielle rappelait hier, à juste titre d'ailleurs, qu'“El-Para” a été bel et bien remis à la police judiciaire le jour même de son extradition. Aux yeux de la justice algérienne donc, Abderrezak El-Para demeure en fuite et reste considéré comme “non détenu”. Et cette mention est portée devant le nom de cet accusé sur le rôle “liste des procès” de l'actuelle session criminelle. D'ailleurs plusieurs avocats ne manquent pas de faire observer qu'il s'agit là “d'un cas unique dans les annales de la justice algérienne”. Il est, en effet, pour le moins étonnant que la justice continue à le considérer comme “non détenu”, alors qu'il se trouve logiquement sur le territoire national et que sa garde à vue est largement consommée. Poursuivi pour plusieurs crimes commis ou commandités depuis 1992, Abderrezak El-Para, dont le procès est toujours attendu, intéresse autant l'Algérie que certaines chancelleries occidentales à l'image de Washington, laquelle avait indiqué l'année passée qu'il devait être jugé par Alger. K. K.