La dernière fois que le président Obama s'est rendu à l'académie militaire de West Point, c'était pour annoncer l'envoi de trente mille soldats supplémentaires en Afghanistan. En attendant que quelqu'un soit en mesure d'affirmer si ce plan va lui porter chance, le chef de file des démocrates est revenu entretemps dans la prestigieuse académie. Officiellement, pour la remise de diplômes à des cadets de West Point. Une aubaine pour survoler en quelques mots sa nouvelle stratégie de sécurité nationale qu'il doit présenter la semaine prochaine. Ce que doivent savoir essentiellement aussi bien les amis que les ennemis de l'empire US, l'actuelle administration américaine n'est pas prête à supporter seule le poids de ce siècle sur ses épaules. Entretenu et choyé par son prédécesseur, l'unilatéralisme ne fait plus l'affaire. Un nouvel ordre mondial, beaucoup plus multilatéraliste, c'est ce que prévoit Barack Obama pour que le grand frère d'Amérique soit capable de mieux gérer les pesantes questions internationales. Comprendre par là que l'Oncle Sam n'irait plus jouer au cow-boy à chaque fois qu'une crise éclate quelque part. Du moins, il ne partirait pas en solo, toutes les crises qui peuvent surgir ou les conflits qui persistent ne sont pas l'affaire stricte de Washington. Bref, Obama ne veut plus écouter des propos pareils à ceux du nouveau patron de la défense britannique, Liam Fox. En visite en Afghanistan, un pays qu'il trouve ressemblant à ceux du 13e siècle, le nouveau patron du Département de la défense du Royaume-Uni a déclaré que les troupes britanniques devaient rentrer aussitôt que possible. Heureusement que son collègue des affaires étrangères était du voyage pour rectifier quelque peu le tir. La Grande-Bretagne demeure engagée aux côtés de ses alliés de l'Otan, le calendrier de retrait n'étant toujours pas fixé. De quoi réconforter le président Obama qui, depuis son installation à la Maison-Blanche, n'a pas cessé de répéter qu'il avait besoin d'alliés en Afghanistan. Il en a toujours besoin dans ce pays dévasté où le même Liam Fox ne compte surtout pas éduquer le peuple afghan. Moins encore l'initier à la démocratie, la mission que les Occidentaux - en ce temps-là adeptes de la doctrine Bush - étaient soi-disant venus accomplir. Tout compte fait, le président Obama va encore devoir réexpliquer pourquoi les GI'S continuent de se battre en Afghanistan. Mais ce n'est pas du tout certain que Liam Fox partage l'avis de Barack Obama selon lequel il faut absolument empêcher l'islamisme radical mondial de continuer de semer les germes d'une guerre entre islam et Occident. Ainsi, les «coalisés» du nouveau gouvernement de Londres sont priés d'accorder leurs violons en matière de politique étrangère. Quitte à présenter des excuses à l'opinion publique britannique à propos de la présence prolongée des troupes de Sa Majesté en Afghanistan. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à suivre l'exemple du Premier ministre nippon, Yukio Hatoyama, qui a fini par accepter un plan controversé de stationnement des troupes US sur l'île d'Okinawa. Serait-il le tout premier à croire dur comme fer en la nécessité d'épauler l'Amérique d'Obama qui promet de devenir moins unilatéraliste qu'avant ? Proches et lointains alliés sont invités à assister les Etats-Unis dans sa quête néo-impériale.