Où est passé le projet criminalisant le colonialisme ? Cette question en tourmente plus d'un mais elle reste sans réponse. L'initiateur du projet, Moussa Addi, député FLN à l'APN, a affirmé hier avoir accompli son devoir en rédigeant le texte avant de le transmettre au gouvernement. Il ignore cependant où est passé le projet et s'interroge sur les retards accusés dans son examen, soulignant que le délai de cet examen a déjà expiré. «Nous agissons conformément à la loi et à la réglementation. Nous avons proposé le texte de loi et récolté les signatures pour le faire passer. Le bureau de l'APN a également fait son travail en le transmettant au gouvernement pour examen. Depuis, on n'en a plus entendu parler. Nous ne savons toujours pas quel sort lui a été réservé», a affirmé Moussa Addi, député FLN, précisant que «le délai réglementaire de l'examen du projet par le gouvernement qui est de deux mois a bel et bien expiré», a ajouté notre interlocuteur. L'initiateur du projet ne compte pas s'arrêter là. Il tient à ce que son projet aboutisse, ou du moins à savoir où il a atterri. Il compte rencontrer les autres députés, notamment les signataires du projet, pour lancer une nouvelle initiative. «Je compte relancer le projet. Je commence par réunir mes collègues pour tenter de trouver un moyen réglementaire qui nous permettra de connaître quelle est la suite donnée à ce projet» a affirmé M. Addi. Il dira que les députés ne peuvent pas questionner le gouvernement dans ce genre de circonstances mais qu'il est possible pour eux de «s'adresser au bureau de l'APN qui prendra en charge cette question vu qu'il peut apporter les solutions idoines». Le blocage du seul projet de loi initié par le Parlement n'inquiète pas uniquement les députés. La famille révolutionnaire se pose des questions sur le projet et les suites à donner. Pour cela, plusieurs associations et fondations appartenant à la famille révolutionnaire et à la société civile ont décidé de saisir le président de la République, «le sollicitant à adopter cette initiative parlementaire d'essence populaire» qui traduira «la volonté de cimenter la continuité de la mémoire entre la génération de la révolution et la génération de l'indépendance», ont souligné les rédacteurs de cette lettre adressée au chef de l'Etat, dont une copie est parvenue à notre rédaction. Ces associations s'interrogent sur la légèreté qui a caractérisé le traitement consacré à ce texte qui «marque un tournant politico-historique dans la prise en charge des questions mémorielles relatives aux contentieux algéro-français. Les associations ont dénoncé le comportement du gouvernement «qui témoigne d'un certain dédain à l'égard du peuple. Il apparaît que ni les rôles ni les pouvoirs ne soient respectés. Chose que consacre nullement la Constitution». Les associations ont rappelé les dispositions réglementaires régissant les relations entre le Parlement et le gouvernement en se référant à la Constitution et à la loi organique pour conclure que la balle est dans le camp de l'APN après que le gouvernement eut déclaré son incompétence. «Lorsque le gouvernement n'a pas formulé d'avis à l'expiration du délai de deux mois, la proposition de loi est renvoyée par le président de l'APN pour examen devant la commission compétente», souligne le communiqué.