La Casnos a toujours connu des bilans négatifs par manque d'engouement des commerçants à cotiser. Le limogeage du directeur général de la Caisse algérienne de sécurité des non-salariés (Casnos), annoncé dans le Journal officiel numéro 14 du 8 mars 2006, tombe à un moment crucial pour ladite caisse qui n'a jamais pris l'essor nécessaire à son développement. Il est en effet reproché à l'ex-DG, M. Hacène Boudedra, de ne pas avoir pu remédier à la situation catastrophique qu'il avait trouvée à son installation. Des sources proches de la caisse rappellent que la volonté d'un DG ne suffit pas à elle seule pour redresser la barre de la Casnos. “Comment voulez-vous que la caisse puisse enregistrer des bénéfices et par là même participer à la politique de la santé nationale ? Les commerçants refusent de cotiser, et aucune loi ne les y oblige comme cela se fait dans tous les pays du monde. Par ailleurs, la gratuité des soins encourage les commerçants qui ne trouveront aucune difficulté à être pris en charge dans les hôpitaux”, se plaint un employé de la caisse. La même source n'oublie pas d'insister sur le silence des autorités qui laissent les choses empirer, car elles n'osent pas édicter des lois claires et précises quant à l'assurance sociale des non-salariés. Il est de notoriété publique que les commerçants algériens préfèrent réaliser des économies de bouts de chandelles au lieu de s'affilier à la Casnos. Pis encore, explique la même source, “les commerçants ne décident de s'assurer que lorsqu'ils atteignent la soixantaine. Ils rachètent quelques annuités de cotisations et deviennent aussitôt des assurés sociaux qui spolient indirectement la caisse, puisque les remboursements dont ils bénéficient sont supérieurs aux cotisations”. Justement, pour permettre à la caisse de jouer son rôle tant en faveur des commerçants et de leurs ayants droit que dans l'intérêt de la santé publique, la Casnos doit disposer de textes législatifs lui permettant d'obliger les commerçants à s'assurer. En l'état actuel des choses, la caisse n'intervient que très peu lorsqu'il s'agit de financer les budgets nationaux de la santé publique. Pour leur part, les commerçants reprochent à la caisse les petites pensions qu'elle accorde aux assurés qui confondent souvent la Casnos et les impôts. “Les pensions sont calculées au prorata des cotisations, et comme les non-salariés lorsqu'ils sont contraints ne déclarent pas tous leur chiffre d'affaires réel, les sommes qu'ils versent à la caisse sont modiques comme le seront bien entendu leurs retraites”, explique notre source. Cette dernière estime qu'il faut de temps à autre opérer des changements à la tête de la Casnos, mais “l'urgence demeure la dotation de la caisse de moyens lui permettant d'agir”. Le nouveau DG qui sera nommé dans les prochains jours trouvera lui aussi une situation catastrophique, et seul un arsenal de textes est en mesure de lui donner la possibilité d'agir. Saïd Ibrahim