Elles font partie du décor de nos cités, et personne, y compris les opposants les plus farouches au «fil du diable», ne trouve à redire sur leur présence sur les toits et les façades d'immeubles. Les antennes paraboliques, puisque c'est d'elles qu'il s'agit, ont envahi depuis la fin des années 1980 tout l'espace urbain, donnant un aspect des plus insolites à nos villes. Les autorités pensent éradiquer ce phénomène, mais l'opération risque de s'étaler dans le temps. Le démantèlement des antennes paraboliques installées sur les façades d'immeubles a débuté cette année dans plusieurs quartiers d'Alger. L'opération a cours, entre autres, dans Alger- Centre, Audin et la Casbah, et consiste à déplacer les antennes sur les toits en attendant de lancer le projet d'installation d'antennes collectives et le câblage y afférent. Opération difficile qui nécessite, selon les élus, l'adhésion totale des habitants et surtout une gestion rigoureuse des réseaux. Mais beaucoup de citoyens demeurent sceptiques quant à sa réussite, et rappellent les difficultés monstres apparues dans les années 1980, lorsqu'il a fallu gérer les premières antennes collectives. Les antennes dérobées, les câbles coupés, les réseaux volontairement incendiés, nombreuses sont les cités qui ont subi ce type de prédation. Quant à la suite, nul ne sait comment va se poursuivre l'opération ni qui en paiera le prix. Ni quelles conséquences elle aura sur l'industrie et le commerce florissant de la réception des chaînes de télévision satellitaires. Car il ne faut oublier qu'il s'agit de se débarrasser d'au moins 20 millions d'antennes paraboliques individuelles. Pour l'instant, confirment quelques élus, les communes périphériques de la capitale et les localités dépendant des 3 wilayas limitrophes d'Alger n'ont pas reçu d'instruction officielle pour le démantèlement des assiettes paraboliques. «Mais des projets sont dans les tiroirs qui attendent le feu vert des autorités centrales», nous révèle un maire à la tête d'une importante APC de la banlieue ouest d'Alger. Il nous affirme que l'option retenue est de ne laisser que 3 antennes paraboliques sur chaque toit d'immeuble et de les orienter sur les satellites choisis par les habitants concernés. «En principe, cela permet de recevoir les bouquets les plus demandés par les Algériens», estime l'édile communal en précisant qu'au niveau de sa circonscription, un recensement exhaustif a été effectué par les services de la mairie. En plus de son coût élevé, l'adhésion des citoyens, une nécessité Le ministère de la poste et des TIC s'atelle, depuis plusieurs années, à développer le réseau de la fibre optique et ce, non seulement pour mettre fin à la prolifération anarchique des paraboles sur les toits et façades d'immeubles mais aussi et surtout pour introduire les nouvelles technologies de la communication dans le cadre du projet «e-algérie». Parmi les nouveaux services qu'il entend démocratiser, le «triple play», système permettant à la fois de disposer de l'Internet haut débit (ADSL), de la téléphonie et de recevoir les émissions de télévision numérique sans avoir besoin de parabole. A Alger, Aïn Benian et Bordj El Bahri ont été choisis comme quartiers pilotes pour cette opération. D'autres villes, à l'exemple de Constantine et Oran, sont également concernées par le projet, mais, avertit un responsable au ministère de la Poste et des TIC, il faut attendre l'horizon 2013-2014 pour que la fibre optique se généralise dans les grandes villes et quelques moyennes agglomérations. Il rappelle qu'outre son coût élevé, l'opération nécessite l'adhésion des citoyens, notamment les habitants des grands ensembles immobiliers, qui devront veiller à la préservation des réseaux. Question coût, aucun responsable n'a voulu avancer de chiffres précis, mais tous insistent sur le fait que cela représente des milliards de dinars. Un ingénieur en télécommunications exerçant dans une grosse boîte privée algéroise avance que les coûts d'installation de la fibre optique sont variables car dépendant de plusieurs paramètres, entre autres des travaux d'aménagement et de génie civil, la nature des terrains, le fait que les travaux se déroulent sur terrain nu ou en milieu urbain, le choix du type de fibre optique, etc. Notre interlocuteur explique que la pose d'un mètre de fibre peut coûter jusqu'à 250 euros et descendre jusqu'à 6-10 euros. Dès lors, on peut facilement imaginer le coût de l'opération à l'échelle nationale. Mais cette contrainte financière n'est pas pour freiner la volonté des décideurs. L'Etat est bel et bien décidé à accélérer la modernisation des réseaux de télécommunications, parce que l'opération est vitale le développement du pays.