Faut-il croire que les erreurs et les négligences médicales sont devenues un problème récurrent à Oran ? Depuis quelques années, le centre hospitalo-universitaire est qualifié de mouroir et les nombreuses cliniques privées de simples caisses enregistreuses tout juste bonnes à calculer la recette du jour, au grand malheur de nombreux citoyens. Il y a quelques jours, la famille d'une jeune fille, décédée dans des conditions tragiques à l'hôpital d'Oran, a intenté un procès contre le professeur Mahmoudi, responsable du service de gastro-entérologie, et son staff médical. Cette dernière lui reprochait notamment une négligence et une mauvaise prise en charge médicale qui ont conduit au décès de leur fille, âgée de 28 ans et qui souffrait d'une tumeur de l'estomac. Le verdict de l'affaire jugée il y a quelques jours est en délibéré et les accusés risquent une peine de 6 mois de prison ferme requise par le représentant du parquet et assortie d'amendes et de frais de réparation au titre de dédommagement des parties civiles. Cette affaire cache en réalité un véritable débat d'éthique qui oppose la société au corps médical, coupable, depuis l'ouverture du secteur au privé, de graves dérives et d'erreurs qui ont conduit souvent des patients à des handicaps irréversibles, quand ce n'est pas au décès. Lors du procès tenu au tribunal de la cité Djameleddine à Oran, la famille de la patiente avait soutenu que le professeur, responsable d'une clinique privée, est coupable d'une grave négligence. «Il avait refusé l'admission de ma fille dans le service de gastro-entérologie du CHUO. Et quand il l'a acceptée, il l'a laissée mourir en la privant de nourriture et en laissant la maladie la ronger pour la simple raison que son esprit était occupé à orienter ses malades vers la clinique privée où il officie», dira son père dans sa déposition devant la cour. L'autopsie réalisée par une équipe médicale au nouvel établissement hospitalier 1er Novembre avait conforté la famille dans ses convictions que leur fille avait bien fait l'objet d'une négligence médicale de la part du staff du service spécialisé du CHUO. D'ailleurs, la justice s'est appuyée sur cette autopsie pour qualifier les faits et accuser les mis en cause de négligence ayant conduit à la mort d'un patient, dira le père. Malheureusement, ce cas n'est pas unique à Oran. Un cas édifiant Et le cas le plus édifiant qui avait défrayé la chronique est celui de la petite Djihane Hafsi après son admission dans une clinique privée pour une banale visite médicale motivée par des douleurs abdominales qu'elle avait ressenties à son retour de l'école. «Je l'ai conduite à la clinique pour une banale visite, et dès son admission, le médecin de permanence lui avait administré, je ne sais pour quelle raison, une substance qui l'avait plongée dans le coma. Quand j'ai demandé des explications, on m'avait ordonné de la transférer au service des urgences infantiles du CHUO où elle est décédée quelques jours plus tard», dira sa tante. Forte d'un dossier médical, sa famille s'est plainte au niveau du conseil régional de l'ordre des médecins et a introduit une action en justice qui avait conduit à la fermeture, pour quelques mois, de la clinique, et à la condamnation du médecin qui avait administré un produit anesthésiant pour une appendicectomie sans s'assurer de potentielles allergies ou de réaction de rejet de la patiente. La petite Djihane Hafsi était alors âgée de 12 ans lors de son décès. A Oran, la justice a traité de nombreux cas relatifs à des décès ou des handicaps permanents. Parmi les plus récents figure celui d'une malade qui souffrait de maux gastriques et qui a subi une appendicectomie sans voir son mal guérir, ou encore celui d'un citoyen qui a perdu son avant-bras par la faute de soins post-opératoires défaillants. La liste des faits reprochés à certains médecins est longue et traduit un déficit en confiance qui continue de peser sur les relations du secteur avec la société.