La mission essentielle confiée au nouveau patron de la DGSN consiste en la refonte de l'organisation de la Sûreté nationale. Cette refonte concerne la révision de l'organigramme mis en place depuis 1992 et la promulgation du statut particulier des éléments de sécurité nationale. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'intérieur, Daho Ould Kablia, dans la lettre d'orientation lue à l'installation du nouveau directeur général de la DGSN. «L'organigramme instauré par le décret 92-72 du 31 octobre 1992 est largement dépassé. Certaines améliorations ont été apportées au fil des années mais sans ancrage juridique réel. L'organisation doit être revue et repensée en tenant compte du contexte sécuritaire, de la poussée de la criminalité et de l'évolution de ses formes, des exigences scientifiques et technologiques imposées par la modernisation de la Sûreté nationale», a précisé le ministre de l'Intérieur. Pour ce qui est du statut particulier de la Sûreté nationale, le ministre s'est engagé à faire avancer son élaboration en vue de sa promulgation d'ici la fin de l'année en cours. Le ministre a insisté sur la nécessité de développer une stratégie des ressources humaines qui s'appuie sur une démarche prévisionnelle et une approche par la compétence capable de valoriser le potentiel humain et de le mobiliser sur le projet de modernisation de la DGSN. «Le nouveau statut va prendre à son compte la valorisation des métiers de la Sûreté nationale en traçant des profils de carrière motivants. Il va consacrer l'importance des valeurs hautement symboliques de sacrifice, de courage, d'exemplarité et permettra une meilleure amélioration des conditions socioprofessionnelles du corps. Il faut mettre en place un système d'évaluation basé sur la mesure des résultats et des indicateurs de performance mettant à l'abri particulièrement les cadres des appréciations subjectives», a encore ajouté le ministre. L'aspect de la moralisation des éléments de la Sûreté nationale a été également abordé dans les nouvelles missions du patron de la DGSN. Pour cela, le ministre envisage la création d'un conseil de l'éthique qui s'appuiera sur un code de déontologie à même de moraliser la fonction, a souligné Daho Ould Kablia. L'aspect de la formation constitue la pierre angulaire de la politique de développement de la ressource humaine à la DGSN. «La formation, la communication et la transparence sont le meilleur moyen pour faire évoluer les comportements, ouvrir les esprits à la collaboration et à l'initiative», a-t-il ajouté. Le ministre a également annoncé la création d'une académie de la police pour une formation continue des cadres et de promouvoir les espaces de recherche spécialisés avec la création des passerelles avec l'université et le monde des connaissances. Echange d'informations Le nouveau patron de la DGSN est également tenu de travailler en étroite collaboration avec l'ensemble des services de sécurité en échangeant les informations pour une meilleure efficience. «Il doit y avoir une coordination permanente et soutenue avec l'ensemble des services de sécurité parce que nous agissons dans la complémentarité que ce soit avec le DRS ou la Gendarmerie nationale. Il est également nécessaire de coordonner avec les services des douanes et la Protection civile pour plus d'efficacité tout comme avec le pouvoir judiciaire vis-à-vis de qui la DGSN joue un rôle d'auxiliaire afin de préserver l'Etat de droit et protéger le citoyen de tout abus et violence», a insisté le ministre. Daho Ould Kablia a appelé à redoubler d'effort dans la lutte contre les fléaux sociaux, la drogue, la contrefaçon, la contrebande, l'immigration clandestine, la corruption et la criminalité. «J'accorde beaucoup d'importance aux renseignements généraux, à la lutte contre la subversion et la grande criminalité qui ne peut réussir que par le renseignement.» Dans ce contexte, le ministre a beaucoup insisté sur la maîtrise du contrôle des frontières, la circulation des personnes et le transport frontalier, ainsi que l'immigration clandestine. «La sécurité des sites portuaires et aéroportuaires est aussi une grande responsabilité car c'est le premier point de contact avec ceux qui arrivent au pays. Il est indispensable d'offrir une meilleure image», a souligné le ministre. Le travail de proximité est désormais au centre des préoccupations du nouveau patron de la DGSN. «La sécurité publique, le maintien de l'ordre, la tranquillité du citoyen par la lutte contre toutes les formes d'incivisme, la protection des personnes vulnérables sont autant de missions où il faut privilégier les actions préventives pour réduire l'action répressive. Pour ce faire, il faut s'inscrire graduellement dans une démarche de proximité dans les zones sensibles et reculées», a indiqué le ministre en soulignant que «la proximité c'est d'abord le comportement de l'agent public, sa capacité d'être à l'écoute et au service du citoyen, sa capacité d'établir une relation plus humaine, et j'insiste sur l'amélioration du comportement vis-à-vis du citoyen. Dans ce cas, les barrages fixes et mobiles peuvent rendre l'action efficiente, surtout lorsqu'on privilégie la mobilité», a-t-il ajouté. Réorganisation L'autre mission attribuée au nouveau DGSN consiste en l'amélioration de l'organisation territoriale des structures et le renforcement de la couverture sécuritaire, particulièrement dans les zones insuffisamment pourvues, pour se rapprocher des normes d'encadrement et de couverture mondialement admises. «La couverture en sûreté de daïra a atteint 73% alors qu'elle est de 46% seulement pour les sûretés urbaines, soit 767 sûretés urbaines pour 1741 communes. Il y a encore beaucoup d'efforts à fournir pour développer en nombre et en qualité les sûretés de daïra et urbaines, les brigades mobiles de police judiciaire, les unités républicaines de sécurité, les brigades de recherche et d'investigation de l'immigration clandestine, les laboratoires de police scientifique et technique», a indiqué le ministre. En ce qui concerne les ressources financières, le ministre a souligné l'augmentation considérable du budget alloué à cette institution : 51% entre 1999 et 2004, contre 165% de 2004 à 2010 avec un pic depuis 2007. Le budget alloué à l'équipement est également assez conséquent. Il passe de plus de 40 milliards à la fin 2004 à plus de 147 milliards en 2009, soit un taux d'accroissement de 260%. «Nous continuons d'apporter les soutiens appropriés au développement de la Sûreté nationale», s'est engagés Daho Ould Kablia, en recommandant de respecter la réglementation et d'appliquer les mesures de rationalisation des dépenses publiques. Le ministre a exhorté la dynamisation du rôle de l'inspection générale de la Sûreté nationale qui aura son apport dans l'effort de rigueur et de transparence. Pour ce qui est de l'effectif, le ministre a noté qu'il a presque doublé en 10 ans, passant de 90 000 en 1999 à plus de 164 000 en 2010. Le recrutement a été de l'ordre de 16 000 agents en moyenne par an.