L'été, s'il est source de joie, de plaisir et de repos pour une bonne partie des gens, pour une autre, il ne l'est pas, notamment celles du grand sud du pays et en particulier les habitants de Oued Souf où le thermomètre affiche 50 degrés Celsius. Les nuisances des Soufis refont surface à chaque début d'été, caractérisées par une vague de chaleur suffocante accompagnée de torchons brûlants des sirocos et des vents de sable. Un inconvénient majeur qui affecte le quotidien de la population de cette belle région oasienne. Ses besoins essentiels ne sont pas accomplis dans de bonnes conditions, à l'instar des autres régions. On ne peut rien contre les conditions climatiques hostiles, cela ne dépend pas de la volonté humaine. Telle est la loi de la nature. A l'inconvénient de cette vague de chaleur exceptionnelle qui prévaut dans la région s'ajoutent d'autres qui réapparaissent comme le veut la tradition chaque été. Ce sont bien évidemment les pénuries d'eau potable et les coupures intempestives de l'électricité. Ce qui paralyse toute activité et transforme le quotidien des gens en un vrai cauchemar. Contactée par nos soins, une des familles victimes de cette situation, tout en s'en remettant à Dieu, s'indigne ouvertement contre cet état de fait dont seuls les services de Sonelgaz sont responsables. Ces services sont accusés de recourir cycliquement à l'ancienne/nouvelle solution du délestage pour assurer l'alimentation de toute la région. «Il n'est pas du tout acceptable que l'on nous prive d'électricité en pleine chaleur. Nous avons des bébés qui brûlent à petit feu, des malades chroniques et d'autres atteints de maladies respiratoires, des personnes âgées pour lesquelles la coupure de l'électricité, élément vital, ne doit absolument pas avoir lieu», s'indigne Meriem, une maman dont les 3 enfants réclament de l'eau fraîche d'un réfrigérateur hors service. «Il est devenu quasiment impossible de rester chez soi en raison de la chaleur insupportable et de ces coupures récurrentes de l'énergie électrique. Rien ne fonctionne en l'absence de l'énergie électrique. Les climatiseurs, les réfrigérateurs et les téléviseurs, dont l'importance reste indiscutable, se mettent hors service d'un moment à l'autre sans avertissement aucun», renchérit sa fille de 24 ans. Face à cet état de fait, les Soufis, fuyant une chaleur terrible ayant élu domicile chez eux, ne trouvent mieux pour alternative que les dunes de sable frais au sommet desquelles ils se regroupent en familles pour y passer de longs moments. Les dunes pour tout oublier Soulignons que le choix d'un tel endroit pour se prémunir contre l'asphyxie présente aussi des risques majeurs du fait qu'il est aussi l'endroit le plus apprêté pour les plus nuisibles des bestioles. Un des adeptes de cette pratique beaucoup prisée à Oued Souf explique qu'«outre l'amour voué aux vertus du sable qui se présente comme étant un remède sans égal, l'insuffisance de lieux spacieux de détente et de distraction et l'absence d'espaces verts décents pouvant faire le bonheur des milliers de familles qui préfèrent sortir respirer une bouffée d'oxygène y est aussi pour beaucoup». «Où voulez-vous que l'on aille ? Nous n'avons que les dunes de sables comme moyen d'oubli de ce que ce nous endurons comme tracas estivaux», s'interrogera Mourad, un jeune de la localité d'El Houmraia. Les Soufis, déjà frappés de plein fouet par des conditions climatiques hostiles, lancent un appel unanime aux responsables locaux, principalement leurs élus, pour mettre au-devant de la scène certaines de leurs revendications qui constituent une priorité. Du côté des services de Sonelgaz accusés d'être derrière ces perturbations, il semblerait que le problème est tout autre. En effet, par la voix de Abbès Necira, premier responsable de Sonelgaz au niveau de la wilaya, «les coupures de courant dans de nombreuses régions sont principalement liées à un certain nombre de facteurs dont l'expansion galopante des surfaces agricoles, ce qui engendre inévitablement - principe de cause à effet - une surconsommation d'énergie électrique indispensable pour l'irrigation des cultures abondantes, chose qui ne peut être faite sans l'existence de cette denrée vitale. 24 milliards de centimes non encore recouvrés par Sonelgaz Et d'ajouter : «Cette forme de surconsommation, favorisée surtout par la réduction de 50% du coût de la facture de consommation, influe inévitablement sur la distribution de l'électricité. La moyenne annuelle de consommation électrique à Oued Souf est estimée à 20 000 kWh.» Ce responsable dévoile par ailleurs les comportements indélicats de certaines entreprises, administrations et un nombre de particuliers. «Sonelgaz fait face depuis un certain temps à des actes de saccage et de vol de la part de certaines parties anonymes, ce qui indubitablement provoque des pannes au niveau de ses réseaux. Faut-il ajouter à ce désagrément les créances dues aux factures impayées, évaluées à 24 milliards de centimes, non encore recouvrées. Cela sans pour autant citer les 14 autres milliards, lesquels constituent le montant global de l'énergie exploitée par des sources inconnues, ce qui nous a provoqué de sérieuses pertes.» Par conséquent, Sonelgaz se voit incapable pour l'heure d'assurer l'alimentation de façon continue de tous les foyers de la région, notamment en cette saison caractérisée par une vague de chaleur qui fait bouillir la cervelle d'un chameau, comme dirait l'autre. L'alimentation en eau potable, un autre souci L'alimentation en eau potable constitue elle aussi une autre difficulté que la région d'El Oued a en partage avec de nombreuses régions du pays. En effet, la majorité des localités situées au nord du chef-lieu de la wilaya connaissent depuis quelques jours une pénurie grave et chronique en eau, à l'image d'El Houmraia, distante d'une centaine de kilomètres, où les chefs de ménage ne décolèrent toujours pas face à cette situation. Ainsi, suite à une panne technique survenue au niveau d'une conduite principale, un bon nombre de familles de cette localité sont privées d'eau et se trouvent donc contraintes de parcourir plusieurs kilomètres pour se procurer quelques litres de ce liquide vital. Il en est de même pour la population de la commune d'El Abadlia, où les habitants de certains hameaux passent eux aussi de longues heures à la quête de ce trésor. Il est à souligner que la pénurie en électricité et en eau potable intervient suite simultanément à une «catastrophe écologique» survenue à Guemar, à l'origine de laquelle les eaux usées sont déversées en importantes quantités dans la nature et à l'intérieur même des domiciles. L'exemple le plus illustratif est sans nul doute ce qui se passe au niveau du quartier 32 Logements, transformé en un égout à ciel ouvert, à en croire les locataires qui attendent toujours l'intervention de leurs élus. D'aucuns nous expliquent qu'«une obstruction produite au fond d'un avaloir vétuste a généré cette situation invivable traduite par des odeurs nauséabondes propagées partout dans le quartier cité, la prolifération des insectes en tous genres et le risque de transmission de maladies diverses».