Plus la peine de faire l'effort de compter les déplacements de l'envoyé spécial US au Proche-Orient, vous vous y perdrez à coup sûr. Parce qu'il n'est pas à une visite près, George Mitchell va encore revenir cette semaine dans la région. Impossible de savoir s'il va rencontrer Benjamin Netanyahou dont le voyage en Egypte vient encore d'être reporté. Néanmoins, Mister Proche-Orient devra faire tout ce qui en son possible pour convaincre la partie palestinienne à accepter l'ouverture de négociations directes. Le moment serait propice, le président Obama n'a pas signé le document portant sanctions contre la République islamique d'Iran pour le glisser ensuite au fond du tiroir de son bureau. Il doit être appliqué à la lettre aussi bien au niveau des Etats alliés qu'au niveau des multinationales qui ont pris l'habitude de faire de bonnes affaires avec le gouvernement de Téhéran. Ainsi, Barack Obama reviendrait vers de meilleurs sentiments en ce qui concerne la compagnie pétrolière britannique qu'il a accusé d'être à l'origine du « 11 septembre écologique» dans le Golfe du Mexique. Car, en plus de la pose d'un «entonnoir révolutionnaire», la direction de BP a refusé d'approvisionner en kérosène les avions de ligne iraniens à l'aéroport de Hambourg. Un geste fort dont le président US a pris acte. Ce, tout en continuant de pousser le gouvernement d'Ankara à des discussions avec l'administration de Tel-Aviv, le bon voisinage entre la Turquie et Israël étant également nécessaire pour faire revenir les Palestiniens à la table des négociations directes, sans les traditionnelles pressions régionales. Fort du tout frais soutien franc de la Fédération de Russie, qui a révélé que les Iraniens n'étaient plus loin d'acquérir la technologie essentielle afin de rejoindre le club des puissances nucléaires, le président Obama a-t-il tous les atouts en main pour convaincre l'Autorité de Mahmoud Abbas à délaisser le dialogue de proximité et parier sur un premier round de pourparlers directs ? Quelle laborieuse mission ! Malgré les assurances du chargé européen des négociations avec la Turquie sur sa pleine adhésion à l'UE en tant que membre à part entière et les pressions exercées sur la Syrie d'une part et sur le Soudan d'autre part - le TPI vient de retenir une nouvelle charge contre ce qu'il considère être le «génocidaire» président Omar El Bachir -, les négociations de paix directes vont demeurer impossibles. Qui de la Ligue arabe - son secrétaire général a condamné l'attitude du tribunal pénal international envers le maître de Khartoum -, ou de l'Autorité palestinienne pourrait accepter une relance du processus de paix dans des conditions aussi défavorables ? Personne. Puisque l'Etat hébreu continue de faire qu'à sa tête. En plus du fait que le gouvernement de coalition de Netanyahou s'oppose à la reconduction de son moratoire sur le gel de la colonisation, le voilà qu'il se remet à détruire les maisons palestiniennes à Al Qods Est. Comme si que les appels à la retenue, lancés depuis le bureau ovale, tombaient tous dans l'oreille complice d'un allié sourd. A se demander quelle autre énième mission, l'administration américaine a-t-elle confiée à George Mitchell qui montre des signes de lassitude. Si c'est pour rappeler que le président Obama soutient la création d'un Etat palestinien et bien cela, tout le monde en est au courant.