Benjamin Netanyahou coupe court son élan. Les négociations de paix derrière lesquelles il a couru des mois risquent de ne pas reprendre dès la semaine prochaine. Non pas à cause d'un quelconque refus de la part de l'Autorité palestinienne qui a eu le temps de prendre la température chez les partis armés de la résistance. En plus du Hamas, dix d'entre eux ont repoussé des pourparlers, directs ou indirects soient-ils, ce n'est pas demain que le sérieux de l'Etat hébreu va commencer à s'éroder. Il n'en reste presque plus rien, l'actuel gouvernement de coalition vient de le prouver une fois encore. Ce, en rejetant par avance toute condition préalable que pourrait pondre le quartette, à présent qu'il n'a pas été retrouvé mort quelque part, très loin du Proche-Orient. En réalité, ce que craint le plus Tel-Aviv, c'est que ce même quartette lui réclame une prolongation de son moratoire de 10 mois sur le gel partiel des colonisations au-delà de la date d'expiration, fixée au 26 septembre prochain. Sincèrement désolé mais Netanyahou ne peut pas apposer sa signature en bas d'un pareil document. Il n'a ni l'intention de trahir les colons ni subir leur malédiction, son gouvernement imploserait au premier retour de manivelle Avec quoi le quartette remplacerait cette ligne rouge sur ce communiqué officiel que ses membres peinent à rédiger et que les Palestiniens attendent de lire avant de décider de revenir ou non à la table des négociations ? Nul ne le sait, les rédacteurs pourraient avoir un second vide à remplir. C'est que la partie israélienne ne souhaiterait pas que les pourparlers directs soient limités dans le temps, un ou deux ans devraient suffire à parvenir à un accord de paix portant sur la création d'un Etat palestinien à la suite d'un retrait de l'occupant israélien jusqu'aux frontières d'avant la guerre de 67. Ce serait trop exigé de «Bibi» qui, tout comme les partis ultra avec lesquels il a été forcé de pactiser, s'oppose aussi à un retrait total de Cisjordanie, notamment de la vallée du Jourdain. Tout comme il se refuse au démantèlement des grands blocs de colonies et au partage d'Al Qods, la partie Est devant revenir aux Palestiniens qui désirent en faire la capitale de leur futur Etat. Autre vœu que le Premier ministre israélien voudrait voir exaucé avant que le quartette ne rende public son communiqué ? A écouter les ondes de la radio publique israélienne, Netanyahou fera la sourde oreille et attendra le carton d'invitation que son allié américain ne tarderait pas à poster en son nom. Dès la semaine prochaine. Juste le temps que Barack Obama - le Président qui rompt le jeûne avec les musulmans d'Amérique et soutient la construction d'une mosquée aux abords de Ground Zero ! - cherche et trouve des termes plus équilibrés qui ne choqueraient pas «Bibi». Mais pas si certain qu'une telle trouvaille stylistique puisse aider George Mitchell, l'émissaire US qui a battu tous les records de déplacement au Proche-Orient. Ce, sans jamais être parvenu à retirer l'épine du pied de Mahmoud Abbas qui, jusqu'au jour d'aujourd'hui, semble décidé à ne pas mesurer un pas en avant sans le gel de la colonisation. C'est le minimum qu'il peut exiger. Face aux assauts répétés de ses «frères ennemis» du Hamas et sous les pressions de la présidence d'Obama, qui espère traduire son discours du Caire en faits, Abou Mazen ira-t-il aux négociations directes qu'il sait d'emblée vouées à l'échec ? Un risque inutile, Israël rêvant de mater les durs de la région et faisant semblant de parler paix avec les modérés.