La wilaya de Skikda a vécu au rythme d'une ambiance bien particulière qui a duré trente-six heures et ayant eu cours depuis la mi-journée de vendredi pour s'achever le lendemain samedi à minuit. Il est question d'une vaste opération coup-de-poing déclenchée conjointement par la gendarmerie et la police relevant de cette wilaya qui s'est traduit par le contrôle et donc le passage au peigne fin de tous les endroits et lieux publics à Skikda, l'identification de 2543 individus et l'arrestation de 74 personnes. Dans le cadre de cette opération, «la première du genre pour cette année», précise le lieutenant colonel Bousseka, premier responsable de la gendarmerie à Skikda, c'est un total de 1000 éléments entre gendarmes et policiers qui ont été mobilisés. Ainsi et pour les besoins de cette descente et afin d'assurer les déplacements des effectifs mobilisés sur l'étendue du territoire de Skikda s'étalant sur une superficie de plus de 4138 km⊃2;, les moyens utilisés par les deux institutions étaient au nombre de 180 véhicules dont 28 blindés, 80 motocyclistes, 4 détecteurs d'explosifs et 6 chiens renifleurs. Les personnes interpellées ont été appréhendées pour différents délits, entre autres des mandats d'arrêt (10 individus), détention et consommation de drogue (7), port d'armes blanches prohibées (8), insoumission au Service national (28) ainsi qu'un individu pour vol de câbles électriques. C'est auprès de ce dernier opérant dans le quartier de Zef-Zef que les gendarmes et policiers mobilisés dans le cadre de l'opération ont effectué une saisie pour le moins spectaculaire. 6 quintaux de cuivre saisis Une telle saisie est sans doute la plus importante du bilan de l'opération coup-de-poing de ces vendredi et samedi. Ces six quintaux de cuivre sur lesquels ont mis la main les services de sécurité représentent la quantité de câbles électriques subtilisés à Sonelgaz, nous explique-t-on. Du coup, le bilan de cette opération tranche avec cette idée qu'a toujours développée le commun des Algériens à propos de Skikda, à savoir que cette wilaya est épargnée des manifestations de la criminalité. Il est en effet inaccoutumé que l'on parle de Skikda en termes de prolifération de fléaux criminels. Hélas, ce constat plus ou moins rassurant vient tout juste d'être remis en cause par le commandant du groupement de la gendarmerie implanté dans la wilaya de Skikda, le lieutenant-colonel Bousseka en l'occurrence, qui nous informe d'emblée des scénarios diaboliques orchestrés et mis en exécution de sang-froid par les délinquants. En ce sens, le récit de l'officier supérieur de la gendarmerie est, sans la moindre exagération, digne des séries hitchcockiennes. Et comment peut-il en être autrement lorsque l'on retrouve parmi les affaires traitées ce crime crapuleux dont a été victime une jeune fille âgée d'à peine une trentaine d'années, la dénommée A. F. dont on a brûlé le corps à l'aide de gasoil après avoir fait l'objet d'un viol collectif commis par trois individus dans les lieux boisés de Felfela, la montagne dominant le chef-lieu de la wilaya de Skikda. Récit surréaliste d'un crime crapuleux Les détails de cette affaire scabreuse qui a choqué plus d'un parmi la population locale à telle enseigne que de l'avis du lieutenant de la gendarmerie Keddari Mehdi «les gens de Skikda n'osent plus s'aventurer dans les lieux où a été découvert le cadavre incendié et complètement méconnaissable de la victime», remontent au mois de mai. Le lieutenant Keddari s'est chargé lui-même du traitement de cette affaire. En relatant les circonstances de celle-ci, il entame d'entrée son récit en affirmant qu'«il n'existe point de crime parfait». Ceci pour dire que «quelle que soit l'habilité dont font preuve les criminels dans l'exécution de leur sale besogne, il arrive dans la majorité des cas que ces derniers laissent toujours des traces et des indices pouvant se matérialiser sous forme de preuves à charge aussi irréfutables les unes que les autres», explique en substance le même interlocuteur. Et d'ajouter : «Nous avons été alertés sur ce crime le lendemain de son exécution par deux citoyens. Aussitôt arrivés sur les lieux, nous avons constaté que la victime était une jeune femme dont le corps méconnaissable du fait des brûlures qu'il subi a été aussi lacéré à coups de couteau en plusieurs endroits. Les premières investigations ont porté sur un travail d'identification de la victime. Une fois celle-ci connue, nous nous sommes intéressés à ses fréquentations, notamment les plus récentes. Et c'est ainsi que le portrait d'un homme d'une cinquantaine d'années, marié et père de six enfants qui a été révélé par l'entourage familial de la victime nous paraissait comme étant le principal suspect. Interpellé après avoir fat l'objet d'une surveillance étroite, l'homme en question passera vite aux aveux en reconnaissant que c'est lui-même, aidé par deux autres complices, qui a brûlé la victime après avoir abusé d'elle dans la nuit du 12 mai dans la forêt de Felfela.» Ces trois individus ont été arrêtés et placés sous mandat de dépôt en attendant leur jugement prévu éventuellement dans le cadre de la prochaine session criminelle, conclut le lieutenant Keddari. Démantèlement d'un réseau de drogue s'étalant de Skikda à Maghnia Outre la résolution de ce crime aux circonstances choquantes, le groupement de la gendarmerie opérationnel à Skikda a aussi réussi à démanteler tout récemment un important réseau de drogue s'étalant du chef-lieu de la wilaya jusqu'à Maghnia, ville frontalière avec le Maroc, premier producteur de cannabis dans le monde. A ce propos et s'agissant du trafic de stupéfiants, ce fléau connaît une évolution inquiétante à Skikda. «La détention et la consommation de drogue ici à Skikda est en train de prendre des proportions phénoménales», nous confie le commandant du groupement de la gendarmerie, le lieutenant colonel Bousseka. Quant au réseau désormais démantelé, celui-ci s'étend, comme indiqué plus haut, de la ville de Skikda jusqu'à la frontière ouest en passant par les wilayas de Khenchela et de Batna notamment. Il est composé de six personnes, toutes écrouées, dont une femme juriste détentrice d'un Capa (certificat d'aptitude professionnelle d'avocat) originaire de Skikda et au sujet de laquelle il a été établi qu'elle a effectué des virements de l'ordre de 800 millions de centimes au profit du chef du réseau, indique la même source. De notre envoyé spécial à Skikda, Karim Aoudia