Alors qu'elles étaient des plus amicales, les relations entre le wali de Ouargla, Ahmed Melfouf, et le président de l'APW, Youcef Korichi, se sont subitement dégradées en juin. La tension entre les deux responsables est telle qu'ils ne daignent plus se rencontrer en public depuis plus d'un mois et demi. Pour ne pas avoir à se trouver face à son désormais nouvel ennemi, le docteur Youcef Korichi se fait représenter aux réunions et rencontres officielles par ses vice-présidents. De son côté, le wali continue de gérer les affaires de sa circonscription, faisant fi de la fronde manifeste de son adversaire et des autres élus. Selon des sources proches du cabinet du wali, le désaccord entre les deux partis est né d'un fait des plus anodins. Le 8 juin, nous explique-t-on, sur instruction du wali, une grille métallique a été installée entre les deux institutions, interdisant aux travailleurs et aux élus d'accéder à partir de leur siège aux services de l'administration de la wilaya. La décision du wali, nous dit-on, est motivée par des raisons de sécurité. Gêné par les fréquentes intrusions de citoyens contestataires dans ses services et informé que ces derniers y accèdent en passant par le siège de l'APW, mitoyen, M. Melfouf a ordonné l'installation d'une grille métallique pour séparer les deux sièges. Cette décision «unilatérale» n'a pas été du goût des élus de l'APW. Dans un communiqué rendu public le 20 juin et signé par les 9 membres de son bureau ainsi que les 4 présidents des groupes politiques (FNA, MSP, FLN et RND), l'Assemblée étale ses griefs envers l'Administration. En premier, elle dénonce la «réorganisation» des procédures d'entrée des élus et des travailleurs de l'APW au siège de la wilaya et ce, dit-elle, sans que l'Assemblée n'en soit informée. Le communiqué indique en outre que l'accès a été refus à des travailleurs et des membres de l'APW. Le communiqué précise surtout que ce jour-là (le 8 juin 2010) devait se tenir une séance de travail à l'APW consacrée aux coupures d'eau et d'électricité, aux retards de réalisation des projets de développement et au dossier de l'emploi. L'APW estime enfin que la décision du wali est une «entrave aux missions de l'Assemblée». Aussi, exige-t-elle des «excuses officielles», «l'intervention de la tutelle pour mettre fin à ce genre d'agissements» et d'annuler «les causes du différend» entre les deux institutions. De nombreux confrères exerçant au niveau de la wilaya de Ouargla doutent cependant des explications de l'APW, ramenant le conflit à une «coquetterie» d'élus en mal de légitimité. Des sources au fait des us et coutumes des élus de cette wilaya affirment que «dans leur majorité, les membres de l'APW ne s'intéressent qu'à leur propre standing». «Allez voir du côté de Aouinet Moussa et vous verrez comment nos élus savent passer leur temps libre», nous dit un habitué des lieux. Selon lui, il ne fait aucun doute que des élus aient obtenu par des voies détournées des aides qui devaient revenir en principe aux agriculteurs. D'autres citoyens supposent le wali détiendrait des dossiers compromettants sur les pratiques délictuelles de quelques représentants du peuple.