Complainte des mendiants arabes de La Casbah et de la petite Yasmina tuée par son père est un recueil de poésie d'Ismaël Aït Djafer qui a été réédité par l'Anep. C'est aussi un cri de douleur exprimé par une âme extrêmement sensible… le poète. C'est un poème publié pour la première fois en 1953 à compte d'auteur à Alger. Il s'agit donc de cette petite Yasmina tuée par son père. Ecrasée une fois Et puis écrasée une autre fois Sous les yeux du père Qui poussait encore l'enfant Sous les yeux du chauffeur Sous les yeux du camion Sous les yeux des gens qui avaient peur, mais n'avaient pas faim. Drame et misère qui «jonchaient» les rues d'Alger. Dans sa préface, Kateb Yacine écrit : «Il fallait être Aït Djafer pour en faire un poème. Et quel poème ! Un long cri de douleur, d'une telle violence qu'on y retrouve après coup l'imminence de l'orage, l'annonce de Novembre.» Ismaël Aït Djafer avait cette grandeur d'âme, cette générosité d'esprit et cet humanisme rare d'un homme épris de justice, et c'est grâce à ces qualités qu'il a su trouver les mots justes pour illustrer ce drame, inspiré d'un fait divers. La faim, le froid, le lot quotidien des enfants de La Casbah, de l'Algérie, c'est toute cette souffrance qui fait la révolte du poète, lequel n'a que les mots pour les dénoncer : «Hyènes et chacals Mais les enfants de Charlemagne le ventre plein Chantent une chanson.» Ce long poème écrit de larmes et de sang demeure un témoignage sur les souffrances d'un peuple. Il est suivi de Cri et poème en prison non méritée, publié pour la première fois. Ismaël Aït Djafer est né à Alger le 1er mars 1929, au cœur de La Casbah. Caricaturiste de talent, poète, il fut l'ami de M'hamed Issiakhem et de Kateb Yacine. Il est mort le 1er mai 1995. La poésie d'Aït Djafer est rayonnante d'humanisme.