En cette saison estivale et outre les plaisirs qu'offre la wilaya de Béjaïa à travers son littoral et ses beaux rivages, les estivants amateurs de poésie ont de quoi rendre leurs séjours plus agréables. En effet, les éditions Tira viennent de mettre à la disposition des lecteurs friands de poésie amazighe une bonne série de recueils, rédigés ou traduits en tamazight. La première œuvre, d'Ismaïl Aït Djafer, traduite en tamazight par Malek Hud, est intitulée Les complaintes des mendiants arabes de la Casbah et de la petite Yasmina, tuée par son père. Ce recueil d'une cinquantaine de pages est préfacé par l'émérite Kateb Yacine, un des chevaliers de la littérature algérienne, mais aussi appuyé par un dessin du célèbre peintre algérien Issiakhem. L'œuvre devenue aujourd'hui Tizlit tuhzint n yimattaren n leqsba d Yasmina tamactuht yengha baba-s, raconte l'histoire de Khouni, un mendiant de la casbah qui, face à sa misère et dans un moment de démence, a poussé sa fille Yasmina sous les roues d'un camion dans le but de s'en débarrasser. La presse rapporta l'événement tel un fait divers. Cependant, Ismaïl Aït Djafer, poète lucide, donnera une dimension plus réelle est profonde pour démontrer au monde à quoi peut pousser la misère, et le tout pacifiquement avec des mots, des vers et de l'émotion. Ce qui lui a valu à l'époque, une notoriété. En tous cas, la réhabilitation de ce poète, à travers cette traduction en tamazight, sera une découverte forte intéressante pour les générations actuelles. Si la première œuvre est d'un poète algérien, la seconde est de Maram al-Masri, une poétesse libano-syrienne dont l'œuvre Karza hamra ala balat abyadh, un texte à la limite de l'érotisme et où se mêlent volupté et jouissance. La traduction de ce recueil en tamazight, a été réalisée par Brahim Tazaghart, auteur et directeur des éditions Tira. Faut-il le préciser, l'œuvre de Maram al-Masri, devenue aujourd'hui en Tamazight Taknisya zeggaghen ref wagens amellal, a été traduite dans pas moins de dix langues. Cette traduction raconte, en une centaine de pages, l'amour dans toute sa dimension : de l'apprentissage à la maturité en passant par les ébats d'amoureux, l'innocence, l'inconscience, la frivolité, les plaisirs et les désirs, les haines qui surgissent, les remords, les adultères et les regrets… Signalons que le texte traduit en tamazight est accompagné du texte original, en langue arabe. Contrairement aux premiers ouvrages cités et qui sont une traduction, les deux derniers sont une production d'auteurs kabyles. Le premier est l'œuvre du défunt poète Djamal Iggui, intitulé Ras !. Cette publication, à titre posthume, est un recueil où le poète s'exprime sur divers thèmes et sujets touchant à son environnement et à la société. Quant au second, il est de Djamel Arezki, sous le titre de Akal d wawal. Une production de pas moins de onze nouvelles en tamazight. Faut-il le préciser, l'édition de ces ouvrages par la maison TIRA a bénéficié de la contribution du ministère de la culture et du haut commissariat à l'Amazighité.