Le prix du ticket de voyage est à la hausse, les transporteurs privés ayant décidé une augmentation alors que la tutelle n'a pas encore donné son aval. Certains d'entre eux ont appliqué une hausse de 50%. Plusieurs transporteurs privés ont décidé d'augmenter leur tarification, il y a trois semaines environ, au moment où d'autres maintiennent les anciens prix. Ceci dénote de «l'anarchie totale» qui règne dans ce secteur puisque les décisions de hausse sont prises par des groupes de transporteurs, voire individuellement dans certains cas. «L'augmentation est légitime», a estimé Kamel Bouhenaf, président du Comité national des transporteurs, affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), soutenant que son comité n'a pas décrété cette augmentation. Le secteur compte quatre syndicats, a-t-il précisé pour signifier la différence de positions entre les différents transporteurs. Le ministre Amar Tou a pourtant été catégorique mercredi en conditionnant l'augmentation de la tarification par l'amélioration de la qualité de service, notamment en termes de respect des temps d'arrêt dans les stations et du nombre de voyageurs à transporter. La désorganisation est perceptible au niveau des différentes agences de voyageurs, surtout lorsque le transport vers certaines destinations est limité aux premières heures de l'après-midi. A titre d'exemple, un receveur nous a signifié que le transport de Bordj El Kiffan vers Alger s'arrête à 15h. La population est ainsi obligée d'emprunter d'autres destinations pour pouvoir se déplacer vers Alger-Centre. Certaines dessertes des lignes urbaines et suburbaines sont carrément évitées en raison notamment de l'encombrement et de la faiblesse du nombre de voyageurs. Le dysfonctionnement risque de s'aggraver durant le mois de Ramadhan, coïncidant avec les congés. Les transporteurs imposent, en effet, leur diktat, prétextant la rentabilité de leur déplacement vers certaines destinations. Malgré la mauvaise qualité de service, les intervenants dans le secteur privé n'ont pas attendu l'aval du ministère des Transports pour revoir à la hausse les prix des tickets. Mais cette augmentation est doublement justifiée, selon M. Bouhenaf, puisque les tarifs des transporteurs privés doivent être alignés sur ceux du secteur public, augmentés de 50% depuis le mois de juillet, du moment qu'ils supportent les mêmes charges. Ceci d'une part. Certains transporteurs privés sont en difficulté financière et sont confrontés au remboursement des crédits bancaires contractés dans le cadre du dispositif de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej), d'autre part. Si le marché est caractérisé par le désordre, «c'est le ministère de tutelle qui doit intervenir en associant l'ensemble des intervenants afin de trouver des solutions aux difficultés auxquelles font face les transporteurs privés». Il rappellera dans ce contexte que le comité des transporteurs avait élaboré en 2005 une étude sur la tarification et a conclu qu'un déplacement sur un kilomètre atteint 2 DA. Sur la base de cette tarification, qui doit être actualisée, il sera possible de déterminer les prix des tickets des différentes destinations. M. Bouhenaf a plaidé aussi pour la réactivation des commissions de wilaya pour l'organisation du transport dans les différentes wilayas. 10 DA de plus pour les taxis collectifs De leur côté, les chauffeurs de taxis collectifs revendiquent une hausse de 10 DA sur les tarifs actuels qui sont de 20 DA par personne. Ces tarifs n'ont pas changé depuis 1996, d'où la nécessité de les augmenter, a revendiqué M. Aït Brahem, président du Comité des chauffeurs de taxi. Selon lui, les chauffeurs de taxi collectif veulent maintenir cette activité et refusent d'installer des compteurs. Il réclame, à cet effet, la réactivation des commissions techniques afin de prendre en charge les problèmes de la corporation, craignant l'arrêt de cette activité, qui rend pourtant service à la population en raison de la faiblesse des tarifs pratiqués. Sur les 5000 taxis collectifs que comptait la wilaya d'Alger, il ne reste que 700. Avec la cession de cette activité, ce sont les clandestins qui prendront le relais puisque le déficit en transport ne pourra pas être comblé par les taxis compteurs vu les prix élevés pratiqués par ces derniers. Les chauffeurs de taxi collectif ont décidé d'agir, mais ils attendront la rentrée sociale pour prendre une décision, a-t-il ajouté.