Une rumeur justifiée par le courroux des transporteurs a circulé quant à un réajustement des tarifs. Dans un entretien exclusif accordé hier à L'Expression, Mohamed Belal, président de l'Union nationale des transporteurs (Unat) a martelé: «Il n'y a pas d'augmentation des prix du ticket de bus privés.» Cependant, notre interlocuteur n'a pas manqué de mettre le doigt sur ce qui préoccupe «à juste titre» la corporation privée des transporteurs, notamment après la récente tarification des tickets de bus en milieu urbain appliquée par l'Etusa (Entreprise des transports urbains et suburbains). Il a relevé que cette augmentation fait suite à une grève des employés. Une décision autorisant une augmentation des tarifs dans le secteur privé, permettrait une concurrence loyale dans le secteur, notamment face à l'Etusa qui bénéficie d'une subvention de l'Etat. Cette décision a suscité «courroux et sentiment de mépris» parmi les opérateurs privés du secteur des transports dont certains tentent «anarchiquement» de mettre le passager devant le fait accompli. Aussi, a-t-on réfléchi sérieusement à un «alignement sur les tarifs appliqués par les transports publics» par les transporteurs privés. Ces derniers attendent l'arrêté interministériel (Transports et Commerce) qui tarde à venir, explique Belal qui se demande «pourquoi alors le privé ne bénéficierait-il pas d'un telle subvention?» Le président de l'Unat n'a pas manqué de signaler que ses adhérents ont été invités «à temporiser (leur action) jusqu'à l'accord préalable» des départements du transport et du commerce, et ce, avant la mise en oeuvre de l'augmentation des tarifs. Tout en admettant que «les prix des biens et services soient librement déterminés par le jeu de la concurrence» Belal a rappelé qu'ils «ne peuvent en aucun cas être inférieurs au prix de revient, tenant compte des données économiques actuelles». En effet, après moult correspondances avec le ministère de tutelle, restées sans réponse dont la première date de janvier 2005, il a été rappelé, la semaine dernière au ministère, les termes de la convention datant de février-mars 2006 sur une base tarifaire «économiquement fiable et socialement acceptable.» Cette convention, rappelle Belal, est appuyée sur une étude préalable du bureau Bitur. La requête de l'Unat, quant à une hausse de la tarification, se justifie par «la hausse des coûts d'exploitation et la baisse du taux de remplissage suite à l'injection de nouveaux opérateurs dans le secteur.» A ce propos, il dira que les besoins de la wilaya d'Alger sont largement dépassés par la circulation de quelque 3000 bus en trop. Les agréments pour exploitation de lignes urbaines sont délivrés de façon pour le moins anarchique, pourtant sous le regard d'une commission de contrôle avant l'octroi d'une ligne qui active au niveau de chaque direction de wilaya. Celle-ci a «droit de regard sur l'état du véhicule du point de vue technique et confort, peinture, tôlerie, sièges...» Le président de l'Unat, qui était entouré de ses principaux collaborateurs, a toutefois insisté sur le rôle de l'Andi (Agence nationale du développement de l'investissement) qui ne répond pas aux besoins des transporteurs activant dans le plus grand nombre de wilayas du pays. Dix sept d'entre-elles seulement, bénéficient de crédits qui atteignent plus de 40% au moins pour l'achat de bus et de l'exemption de la TVA qui équivaut à 7%, ainsi que l'exonération fiscale et parafiscales pour une durée de trois ans. Tous ces confortables avantages sont exclus pour l'entreprise privée de transport, a encore regretté Belal. «Alors, comment prétendre à un renouvellement des véhicules?» s'est-il exclamé en indiquant que le «tarif pour un parcours de 30 kilomètres en zone urbaine, doit être subventionné par l'Etat, alors que le privé roule actuellement sur la base du prix administré par la direction de la concurrence et des prix de la wilaya», a-t-il déploré. Belal a indiqué, qu'actuellement, 36.000 à 40.000 bus urbains sont en fonction dans le pays tout en rappelant l'absence totale des transports urbains durant les années 1990-1992, ce qui avait permis au secteur privé de reprendre la relève et soulager ainsi des millions de travailleurs-passagers et autres citoyens du pays «en panne».