Condamnés en première instance à des peines de deux à huit ans de prison ferme pour avoir porté atteinte à l'emblème national et pour avoir brandi le drapeau français , ainsi que pour attroupement illicite et destruction des biens publics dans le quartier populaire de Sidi Salem, les 18 émeutiers comparaissaient hier en appel devant la cour de Annaba. L'audience, qui n'a pu se tenir que vers 14h en raison du nombre d'affaires enrôlées dans la même journée, a ameuté beaucoup de monde, des parents et des amis des inculpés notamment, qui voulaient tous assister au procès. N'auront pu accéder à la salle finalement que les proches de ceux-ci et le collectif des avocats de la défense, présents en nombre eux aussi, à la requête des familles qui tiennent à tout prix à disculper leurs enfants des charges de félonie et de destruction retenues contre eux autant par le parquet que par les juges. A rappeler qu'en première instance, le tribunal avait prononcé des peines de prison ferme allant de 2 à 8 années de prison contre les 18 accusés, en plus d'une amende d'un million de dinars chacun. Un verdict que les familles avaient estimé trop lourd et qui avaient désespéré les concernés au point où 8 d'entre eux ont observé une grève de la faim de 3 jours pour attirer l'attention des plus hautes instances judiciaires du pays sur leur cas. Ce qui ne manqua pas de se passer puisqu'une commission interministérielle a été dépêchée sur les lieux, il y a une quinzaine de jours, afin de s'enquérir de cette situation et faire la lumière sur les circonstances exactes dans lesquelles se sont déroulées les manifestations de Sidi Salem. les 18 émeutiers présentés devant la cour d'appel hier avaient été condamnés, le 7 juillet, à des peines allant de 2 à 8 ans de prison ferme assorties d'une amende de 1 million DA pour chacun d'entre eux. Considérés comme ayant été les principaux meneurs du mouvement qui a embrasé la cité côtière de Sidi Salem (daïra d'El Bouni), 6 d'entre les émeutiers ont ainsi écopé d'une peine de 8 ans de prison ferme, alors que 5 autres ont été condamnés à 6 ans de prison ferme. Le reste des jeunes arrêtés au lendemain des manifestations avaient bénéficié, semble-t-il, des circonstances atténuantes et il a été finalement retenu 5 années de prison ferme à l'encontre de 4 d'entre et 2 ans de prison ferme à l'encontre des trois derniers. Certains d'entre les accusés ont nié farouchement toute implication dans les manifestations, à l'instar d'un militaire et d'un employé du service de contrôle des véhicules qui assurent qu'ils étaient sur les lieux tout à fait par hasard. «Les services de sécurité ont appréhendé mon frère alors qu'il était loin des lieux où les violences se sont produites. Abderrahmane est cadre à la wilaya de Annaba, il a un logement convenable à Seroual et il n'est pas du genre à vandaliser un édifice public ou à se mesurer aux forces de sécurité», se lamente un des membres des familles qui se trouvaient à l'intérieur de la salle d'audience. Pour lui, il y aurait eu beaucoup de précipitation lors de l'intervention des brigades antiémeutes, ce qui aurait eu pour effet des débordements malheureux et des interpellations aléatoires. S'agissant du drapeau algérien brûlé, un autre parent d'émeutier reconnaît que l'emblème national a été effectivement brandi lors des marches mais qu'il n'a à aucun moment été souillé. «Nous sommes pauvres mais nous ne sommes pas moins des nationalistes. C'est une accusation gratuite venue d'on ne sait où pour jeter le discrédit sur la population de Sidi Salem et faire oublier sa revendication légitime qui est de sortir du ghetto dans laquelle elle est recluse depuis l'époque coloniale», protestera celui-ci. En guise de réponse à une question sur la présence du drapeau français entre les mains des manifestants, il dira sur un ton ironique qu'il n'y a pas un seul habitant dans ce quartier qui ferait ça. «Ce sont les militaires français qui nous ont casés dans ces bidonvilles en moellons et en tôle et vous pensez qu'on a des raisons de regretter l'occupation française…»