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La ville des Hammadites rongée par la drogue et la prostitution
22 individus arrêtés en 48 heures lors d'une opération combinée entre la gendarmerie et la police
Publié dans Le Temps d'Algérie le 03 - 08 - 2010

Quatre cents éléments relevant des services de police et de gendarmerie implantés à Béjaïa ont été mobilisés dans le cadre d'une opération coup-de-poing qui a eu lieu durant les deux journées de dimanche et lundi.
Cette énième descente des effectifs de sécurité sur le terrain - la cinquième du genre organisée depuis le début de l'année - a été supervisée par le commandant Nourredine Akrouf, premier responsable du groupement de gendarmerie à Béjaïa, et le commissaire Karzdi El Hadj, chef de sûreté de la même wilaya.
En application des instructions formulées par ces deux responsables, c'est quasiment tout le territoire de Béjaïa qui est passé au peigne fin, en particulier les plages et les forêts où se ruent le plus grand nombre d'estivants en quête de fraîcheur.
Au bout de 48 heures d'occupation du terrain, les effectifs mobilisés par les éléments de la police et de la gendarmerie sont parvenus à arrêter 22 individus pour consommation de drogue (7),
port d'armes blanches prohibées (3) et ivresse sur la voie publique (12). Ces arrestations sont survenues à la suite de l'interpellation de 1520 personnes pour identification et examen de situation. Une centaine de véhicules, trente locaux commerciaux ainsi que six bars ont également fait l'objet d'une visite d'inspection effectuée par les éléments de la gendarmerie et de la police.
Il faut souligner par ailleurs que le taux de couverture sécuritaire de la gendarmerie dans la wilaya de Béjaïa est de l'ordre de 48%, informe le commandant de groupement en poste dans cette wilaya, le capitaine Nourredine Akrouf, qui fera savoir également que le redéploiement de la gendarmerie à Béjaïa se fait de manière progressive. Il déplore en revanche que dans le cadre de cette initiative, l'institution qu'il commande se heurte à un sérieux problème de foncier, a-t-il souligné en substance.
Les tentes sur les plages transformées en lieu de débauche
La drogue et la prostitution sont incontestablement les deux fléaux qui sont les plus répandus à Béjaïa. Cette wilaya côtière de la Kabylie, à quelque 200 km à l'est d'Alger, n'a point été lésée par Dame Nature qui lui a offert un cadre idyllique comprenant une multitude de sites pittoresques aussi féeriques les uns que les autres.
Toutefois, ce qui attire d'emblée le plus grand nombre d'estivants de passage à Béjaïa pour un séjour que chacun comptabilise selon ses moyens, ce sont plutôt ces «plaisirs» pourtant répréhensibles aux yeux de la loi, notamment «le commerce de la chair» qui bat son plein dans cette wilaya.
C'est ainsi que les centaines de tentes installées les unes à proximité des autres tout le long du littoral béjaoui qu'occupent des estivants jeunes venant des wilayas de Sétif, de Batna, de Bordj Bou Arréridj et de Biskra notamment se reconvertissent, une fois la nuit tombée, en de véritables maisons de rendez-vous où la pratique du plus vieux métier du monde dure jusqu'aux premières lueurs du jour.
C'est l'ambiance qui règne au niveau de la plage Maghra et qui nous été révélée par l'un des éléments de la gendarmerie ayant réclamé l'anonymat. «Vous voyez toutes ces tentes de fortune qui sont supposées être là pour permettre à leurs occupants de passer des moments de détente au niveau la plage, ce sont pour beaucoup d'entre elles des lieux de liaisons incestueuses où des filles de joie vendent leur corps au plus offrant à de jeunes gens dont la plupart sont étrangers à la région», nous a-t-il indiqué.
A cela s'ajoute le fait que la majorité de la population juvénile habituée à roder au niveau de la plage Maghra sont des accros à la drogue. Mais d'où ce produit prohibé provient-il pour satisfaire une demande trop élevée émanant de jeunes gens qui ne sont pas originaire de Béjaïa ? En guise de réponse à cette question, les services de la gendarmerie indiquent qu'ils sont en possession d'informations selon lesquelles ce sont entre autres les gardiens de parking installés au niveau des plages, celle de la commune de Tichy notamment, qui écoulent du kif traité aux jeunes estivants.
Ces derniers et dans le cas où toutes les tentes sont occupées sont même prêts à passer la nuit à la belle étoile, à dormir à même le sol rien que pour faire perdurer la folle aventure dans laquelle ils sont entraînés. Mais jamais cette frange de la jeunesse n'ose s'aventurer dans l'une des discothèques qui sont nombreuses à meubler le littoral de Tichy. La raison est d'ailleurs toute simple et elle s'explique par le fait qu'à l'intérieur de ces boîtes de nuit, les prix exigés par les prostituées sont exorbitants.
Dans les discothèques de Tichy, les clients sont déplumés tels des pigeons !
Dans ces lieux, la prostitution semble très bien organisée de manière à déplumer la clientèle. Les discothèques de Tichy sont majoritairement partie intégrante des hôtels auxquels elles sont annexées et de surcroît gérées par la même direction. Les prostituées logeant dans ces lieux offrent leurs services n'allant pas au-delà d'un quart d'heure contre 4000 DA.
Ce prix englobe la chambre qu'il faudrait louer obligatoirement à 2000 DA (pour 15 à 20 minutes) et le dû que réclame la fille, qui représente également la même somme. D'origine oranaise, la trentaine dépassée, Souad est l'une de ces dizaines de filles de joie qui pratiquent le plus vieux métier du monde dans l'une des discothèques bien connues de Béjaïa. «Je pratique ce métier depuis cinq ans», nous dit-elle.
«C'est mon seul gagne-pain qui me permet d'offrir une vie plus ou moins décente à mes deux enfants que j'ai laissés à Oran sous la garde de ma mère», a-t-elle renchéri. Souad déplore le fait qu'il lui arrive souvent de subir des comportements de brutalité exagérée de la part de ses clients, mais elle reconnaît tout même que la pratique du plus vieux métier du monde lui rapporte beaucoup.
«Mes clients sont au nombre d'une dizaine par jour et si vous comptabilisez la somme de 2000 DA que j'exige à chacun d'eux, vous trouverez certainement à combien s'élève mon chiffre d'affaires au quotidien», nous dit-elle avec une sorte de sourire qui montre à quel point «le métier» qu'elle exerce est indéniablement un créneau juteux qui lui rapporte beaucoup.
De source policière, elles sont près d'une vingtaine de discothèques qui font toutes travailler des filles de joie qui sans elles leurs recettes quotidiennes seraient revues a la baisse de manière draconienne.
Ces deux lieux attirant présentement un nombre infini de touristes des quatre coins d'Algérie mais aussi des émigrés venus admirer la beauté captivante de Yemme Gouraya étaient dans un passé récent infréquentables du fait de la multiplication des agressions physiques dont faisaient l'objet les visiteurs qui étaient de passage.
«Il y a deux ans, ces lieux étaient quasiment vides car ils inspiraient la peur aux citoyens. Aujourd'hui et grâce aux efforts des éléments de la gendarmerie et de la police, la sécurité a fini par régner ici à Cap Carbon et aux Aiguades, comme en témoigne la présence de ces dizaines de familles que vous voyez autour de vous.»
De notre envoyé spécial à Béjaïa : Karim Aoudia


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