Bien qu'il s'agisse d'une région connue pour son conservatisme rigoureux, banditisme et trafic en tout genre se déploient à M'sila. Le plus dangereux de ces fléaux est sans doute celui ayant trait à la circulation illicite des armes à feu et les détournements répétés de quantités énormes de ciment. A ce titre d'ailleurs, la dernière saisie de ce produit est celle effectuée jeudi dernier par les éléments de la gendarmerie de M'sila. Au cours de leur deuxième opération enclenchée à la fin de la semaine dernière, les gendarmes de M'sila, au nombre de 420 éléments, ont mis la main sur une quantité de 40 t de ciment acquis auprès de la cimenterie d'Orascom, implantée sur le territoire de cette wilaya. La marchandise manquait à une facturation prouvant son acquisition suivant les normes en vigueur, ce qui a été suffisant comme motif pour les éléments de la gendarmerie qui l'ont interceptée et saisie au niveau d'un barrage. Dans notre précédente édition, il est fait état d'une enquête d'envergure sur le trafic de ciment présentement actionnée par les services de gendarmerie de M'sila. De l'avis du premier responsable de cette institution, le commandant Nouri Ben Mahdi, l'enquête en question, qui en est actuellement à sa phase finale, provoquera un scandale des plus retentissants une fois ses résultats rendus publics. Elle sera révélatrice à coup sûr des dessous du trafic de ciment dans la wilaya de M'sila et mettra à nu les pratiques de prête-nom et autres méthodes illicites, telle la falsification de documents administratifs auxquels ont recours les trafiquants pour s'approprier le ciment en quantité. Cela dit, dans la wilaya de M'sila et selon le commandant Ben Mahdi, la commercialisation du ciment semble faire l'objet d'un monopole que détient une poignée de barons de la région, originaires des communes de Hammam Talaâ et Magra. Trafic d'armes à feu : des ateliers poussent comme des champignons ! Véritable casse-tête chinois que constituent ces histoires à n'en plus finir tournant autour du trafic d'armes à feu. Suite à un simple déploiement des éléments de la gendarmerie dans le cadre de l'opération organisée jeudi dernier, un réseau clandestin de fabrication d'armes et de munitions niché dans ce douar isolé nommé M'razig (commune de Barhoum) a été démantelé. C'est dire si le réseau d'informations et d'investigation dont dispose la gendarmerie est efficace. Chose qu'approuve d'ailleurs le capitaine Gasmi Djamel, chef de la compagnie de gendarmerie de la daïra de Magra. «Toutes nos affaires traitées dans le domaine de la lutte contre le trafic d'armes ont réussi grâce à l'apport précieux de notre réseau d'informations», dit-il, avant d'ajouter qu'en moyenne, la compagnie de Magra à elle seule parvient annuellement au démantèlement des cinq réseaux de trafic d'armes à feu. A chaque fois, les saisies effectuées sont d'une portée spectaculaire, comme celle opérée en avril 2007 qui a permis la récupération de 24 fusils de chasse et 17 PA de marque Beretta. Pour revenir au démantèlement opéré jeudi dernier, celui-ci s'est soldé par la récupération d'un fusil de chasse et d'un lot de cartouches, de poudre noire et autres munitions de différents genres. Les personnes impliquées sont au nombre de trois. L'une d'elles a été arrêtée alors que ses deux acolytes identifiés le seront incessamment. Falsification des documents : l'autre fléau ravageur à M'sila En sus du trafic d'armes et de ciment, un autre fléau sévit à M'sila : la falsification des documents administratifs. En ce sens, la dernière affaire traitée par la gendarmerie relevant de cette wilaya date d'un mois, selon le capitaine Gasmi cité plus haut. Résultat : la mise hors d'état de nuire d'un important réseau de trafic de sceaux, qui a pu tisser ses ramifications dans plusieurs wilayas du pays, notamment à Constantine, Tiaret, Skikda, M'sila et Djelfa. Dix-sept individus sont encore recherchés dans le cadre de cette affaire, alors que quatre autres ont été arrêtés. Les réseaux de falsification de documents sont légion dans la wilaya de M'sila, qui sont même parvenus à voler tout un lot de passeports au siège de la wilaya, nous apprend le premier responsable de la compagnie de Magra. Des passeports qui seront par la suite revendus rubis sur l'ongle aux individus interdits de sortie du territoire national. A vrai dire, le moindre document falsifié coûte entre de 2500 et 5000 DA. Le capitaine de la compagnie de Magra nous explique en outre que les adeptes de cette pratique criminelle préfèrent plutôt opérer en des endroits isolés, notamment dans les douars, et ce, dans l'objectif de ne pas éveiller les soupçons des services de sécurité. Opération coup-de-poing à M'sila : plus de 400 gendarmes mobilisés Comme évoqué plus haut, le groupement de gendarmerie de la wilaya de M'sila a enclenché jeudi dernier sa deuxième opération coup-de-poing pour le compte de l'année 2010. Un effectif de 420 gendarmes a été déployé à ces fins et organisé de sorte à ne rien laisser au hasard. C'est ainsi que tous les automobilistes empruntant les axes routiers de la région de M'sila ont été contrôlés, ce qui s'est traduit par d'importantes saisies de marchandises et verbalisations pour plusieurs motifs, tels le défaut de facturation et l'inadéquation des moyens de transports utilisés. Plus de 1100 individus ont été en outre identifiés au cours de cette opération, permettant l'arrestation de 8 personnes dont certaines faisaient l'objet de mandat d'arrêt, alors que d'autres ont été appréhendées pour consommation de kif ou comme insoumis au service national.