La promotion immobilière tend à être assimilée en Algérie à l'arnaque et à l'escroquerie. Des clients ont eu affaire à des promoteurs véreux et d'autres à ceux pratiquant des prix hors de portée. Comment expliquez-vous ces phénomènes ? Ce n'est pas compréhensible. Des gens sont prêts à donner leur argent à des promoteurs qui ne sont pas réellement établis. Pourtant, il existe des moyens de vérifier auprès du fonds de garantie la situation du promoteur. L'assurance du fonds de garantie permet de connaître le promoteur et de prendre connaissance de tous les documents qu'il possède, que ce soit le permis de construction ou d'autres autorisations. Quel est le rôle de l'Etat dans ce domaine ? Comment les citoyens peuvent-ils éviter, d'après vous, ce type d'escroquerie ? C'est aux citoyens de ne pas acheter chez les promoteurs qui n'ont pas la garantie. Il y a un fait que le problème du logement est d'ordre social. Lorsqu'on évoque des escroqueries, le sujet devient plus préoccupant et sensible. En réalité, il n'y a pas plus d'escroquerie et de faux promoteurs par rapport à ceux travaillant sérieusement et respectant leurs engagements. Il y a moins d'escrocs qu'on ne l'imagine. Nous avons eu à vérifier cela avec le fonds de garantie. Nous avons les données réelles sur le nombre de sinistres. Il n'y a pas lieu de s'alarmer sur ce sujet. Nous sommes dans des taux plutôt acceptables. Il ne s'agit pas donc de chiffres extraordinaires et alarmants. Par contre, les clients devraient vérifier tous les documents avant de verser un centime. Au niveau de l'information, il faudrait aussi mettre à niveau la population en communiquant sur les procédures à respecter avant l'acquisition d'un logement auprès d'un promoteur. C'est le rôle aussi bien des pouvoirs publics, du Fonds de garantie, de la presse et des professionnels du secteur. C'est de notre intérêt, en tant que professionnels, d'organiser cette activité et d'éviter ce type de sinistres. Il y va de notre crédibilité et de l'avenir de notre marché. Pour cela, il faudra travailler et se battre inlassablement. Dans ce domaine, le fonds de garantie peut jouer un rôle primordial en informant les citoyens sur l'ensemble des projets assurés à son niveau de manière à tenir au courant les futurs acquéreurs. Le fonds dispose de toutes les informations sur les entreprises versées dans le domaine. Quelle est votre réaction par rapport aux mesures prises par l'Etat pour aider les ménages à acquérir des biens immobiliers, notamment la bonification des prêts à des taux d'intérêts réduits de 1 à 3 % ? Ces mesures sont-elles suffisantes selon vous pour booster le marché ? Il faut d'abord souligner qu'en Algérie, nous ne sommes pas encore dans un véritable marché immobilier, mais dans une politique de réponse à un besoin social, celui d'accès au logement. Ce n'est qu'aujourd'hui que nous sommes en train de travailler sur la qualité. S'agissant de l'octroi de crédits à des taux d'intérêts bonifiés pour les Algériens, cela est un pas important. Cela participe à la solvabilité du client. Il faut dire que les taux appliqués sont vraiment symboliques. C'est également un dispositif positif pour le marché de l'immobilier. Il faut reconnaître que les pouvoirs publics ont fait un effort très particulier, qui n'est entrepris peut-être qu'en Algérie à travers le monde. Seulement, il y a lieu d'ajouter que cela va doper la demande, qui était déjà importante. Mais on n'a pas fait suffisamment de choses en direction de l'offre de logement. La demande demeure plus importante que l'offre. On espère que les autorités publiques prendront des mesures en faveur de l'offre. C'est vraiment notre souhait en tant que professionnels. Cela va aider à produire des formules plus intéressantes pour les citoyens algériens. Quelles sont vos attentes en ce sens ? Il s'agit surtout de la production du foncier aménagé destiné aux projets immobiliers et à mettre à la disposition des promoteurs publics et privés. Des promoteurs ont déjà prouvé leurs capacités de réalisation et leur technicité dans le domaine. Il faut savoir que le marché de l'immobilier est aujourd'hui banalisé et émergent. Les gens arrivent à acheter malgré les difficultés souvent évoquées. Il n'est plus un tabou en Algérie de parler de l'achat de logement auprès d'un promoteur. Maintenant que le marché est banalisé et que des gens n'attendent pas l'Etat pour bénéficier d'un logement social, il faut focaliser sur l'offre de logement. Donc, il y a lieu de travailler sur les outils de réalisation et les moyens à mobiliser. L'Etat procède à des abattements sur les prix du foncier pour permettre la réduction des coûts du logement. Où se situe exactement le problème ? L'abattement sur les prix du foncier est profitable non seulement au promoteur mais aussi au client. C'est à travers cette politique que nous pourrons proposer des prix bas. Il faut maintenir cette politique, mais en tenant compte de certains points. Il s'agit surtout de la disponibilité du foncier aménage et viabilisé avec des prix de base correcte sur lesquels sera appliqué l'abattement. Si le prix de base est élevé, le foncier restera toujours cher. C'est à ce niveau-là qu'il faudrait réellement agir pour que le logement soit accessible aux algériens. Comment voyez-vous les perspectives du marché immobilier ? L'Algérie aura-t-elle des grandes villes composées de grandes tours et des cités immenses comme certaines villes arabes, surtout celles du Moyen-Orient ? Si l'on tient compte de l'évolution de l'immobilier dans le monde, le cas de l'Algérie est identique aux expériences des pays de la région. Nous sommes sur un marché émergent à tendance plutôt sociale. Le marché doit être diversifié avec toutes les formules. De ce point de vue, il faudrait le considérer comme un secteur économique à part entière avec des perspectives ambitieuses et des visions productives. Il doit être destiné à faire rentrer des devises et permettre à des étrangers de venir acheter en Algérie. Il y a de l'avenir pour les algériens dans ce domaine, sachant que le secteur de l'immobilier entraîne un développement à grande échelle. Il faut vraiment travailler dans ce sens et permettre à des jeunes algériens de devenir des leaders dans ce domaine. Il y a vraiment de la place pour cela. Propos recueillis