Le marché algérien des boissons est miné par de faux producteurs qui accaparent environ 40% des parts, présentant ainsi des risques sanitaires pour les consommateurs. Sur les 1500 opérateurs possédant des registres du commerce, seulement près de 500 sont considérés comme des professionnels respectant les règles et les normes de production réglementaires. Une véritable anarchie règne dans ce secteur avec l'existence de marques temporaires saisonnières ne respectant aucune mesure, y compris l'étiquetage. Pour alerter et sensibiliser les consommateurs sur la qualité des boissons, l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab) lancera à partir de la semaine prochaine une campagne nationale de sensibilisation par le biais des médias. C'est ce qu'a annoncé hier le président de l'Apab, Ali Hamani, lors d'une conférence de presse animée à l'hôtel Hilton d'Alger. Cette campagne de sensibilisation, qui s'étalera sur trois semaines, s'inscrit dans les objectifs du gouvernement qui a lancé une opération d'information sur les risques alimentaires, coordonnée par le ministère du Commerce. L'objectif demeure, selon M. Hamani, d'accroître la culture de consommation du citoyen en l'incitant à réfléchir davantage sur son acte d'achat, «qui doit être orienté vers des boissons de qualité, dont la production a scrupuleusement respecté les règles d'hygiène et de sécurité». Profitant de cette période estivale et pré-ramadhanesque, où la demande est très importante sur les boissons (gazeuses et jus de fruits…), l'Apab compte contribuer par le biais de cette campagne d'intérêt général à orienter le consommateur à boire sain. «Depuis quelque temps, nous assistons à la multiplication de faux producteurs qui mettent sur le marché des boissons douteuses, dont les conditions de production et de stockage mettent en danger la santé du consommateur. Grâce à nos actions de sensibilisation, les autorités de contrôle ont eu à fermer plusieurs unités de production et des saisies ont été opérées sur les étals», a indiqué le président de l'association sans pouvoir donner des données chiffrées sur l'ampleur du secteur informel. Selon l'Apab, la marge de manœuvre des producteurs véreux demeure importante avec une part de marché évaluée à 40%, sachant que ce secteur connaît une dynamique remarquable avec un taux de croissance annuelle estimée à 10%. Les Algériens sont connus pour être de grands amateurs de boissons gazeuses et de jus de fruits, et ce, à l'échelle africaine. En 2008, le chiffre d'affaires de la filière boissons a dépassé les 45 milliards de dinars. Pour le président de l'Apab et certains membres de l'association, il y a urgence de moraliser cette activité en impliquant les autorités publiques, les associations de défense des consommateurs et les professionnels. «Les cas d'intoxication alimentaire liés à la consommation de boissons sont très importants en Algérie. Nous lançons un cri de détresse, car il y va de la société algérienne toute entière», a souligné de son côté un responsable du groupe Ifri, investi dans les eaux minérales et les boissons. Création d'un label qualité La normalisation de la qualité est devenue une nécessité face à ce phénomène de contrefaçon qui s'abat sur la filière. L'Apab a initié en collaboration avec l'Institut national de normalisation (Ianor) et la société allemande GTZ, spécialisée dans l'assistance technique, un projet de labellisation des boissons qui sera soumis avant la fin de l'année au gouvernement. Ce projet vise à créer un label national de qualité des boissons qui sera un indice de confiance pour le consommateur. Pour bénéficier de ce label, le producteur devra répondre à certaines exigences codifiées par le législateur. C'est le seul moyen permettant une certain décantation dans le secteur, a estimé le président de l'Apab et de pousser les producteurs à aller vers un contrôle rigoureux des boissons.