Aussi bizarre que cela puisse paraître, la sardine, qu'on appelait jadis le plat du pauvre, a presque disparu des étals des marchés de la wilaya de Tizi Ouzou depuis quelques jours. Quand il arrive à ce qu'elle soit disponible, elle est tout simplement inaccessible. Jeudi dernier, les rares poissonniers qui ont réussi à l'étaler la proposaient à 350 dinars le kg. Ce n'est que vers midi, avec une chaleur qui fait fuir les plus téméraires que son prix est ramené à 250 dinars. Il en est de même pour le poisson blanc, appelé communément la «saourelle», qui est affiché à 200 dinars. Les poissonniers eux-mêmes ne donnent aucune explication à cette hausse en se contentant de dire : «La sardine bleue ? J'aurai aimé la trouver !». Au marché couvert de la ville des Genêts, qui n'a de couvert que le nom, les clients boudent tout simplement ce produit halieutique pourtant très estimé. «A ce prix, je préfère acheter du thon», nous dira une vieille dame qui ajoutera : «Est-il vraisemblable qu'une ville comme Tizi, située à 35 km seulement de la mer, manque de sardines ?». La wilaya de Tizi Ouzou, dont la façade maritime est de 85 km, dispose de deux grands ports de pêche et de plaisance, à savoir Tigzirt et Azeffoun, et d'une seule ferme aquacole, M'lata dans la commune d'Azeffoun, pour l'élevage de loup de mer et d'alevins. Mais leur contribution à satisfaire les besoins en matière de produits halieutiques sont loin de répondre aux attentes. Hormis le port d'Azeffoun, celui de Tigzirt est d'un apport insignifiant. Bien qu'il soit fonctionnel depuis longtemps, ce port n'accueille que des petits métiers qui pratiquent la pêche artisanale. Ainsi, il est fait appel aux pêcheurs du port voisin de Dellys pour répondre un tant soit peu aux besoins du marché de la wilaya de Tizi Ouzou. Pourtant des efforts ont été consentis afin d'apporter un plus dans le secteur de la pêche comme l'octroi d'une aide considérable de 2 millions de dinars dans le budget primitif de la wilaya au titre de l'exercice 2009, pour l'achat de matériel de pêche. La mauvaise gestion du secteur, le manque d'infrastructures d'accompagnement indispensables, comme les poissonneries ou hall de vente, de chambres froides et d'entrepôts frigorifiques, la difficulté de transformer les habitudes et des techniques et du matériel de la pêche font qu'aujourd'hui la sardine et le poisson en général tend de plus en plus à disparaître des assiettes de la majeure partie des citoyens.