Les prix du blé se sont envolés ces derniers jours sur les marchés américains et européens. A près de 200 euro la tonne, le blé atteint son plus haut niveau depuis 2008. La canicule en Russie et les mauvaises conditions climatiques dans les principaux pays exportateurs ont fait grimper les cours et ont attiré les spéculateurs sur les marchés. Les prix ont augmenté de plus de 50% depuis fin juin. «Il n'y aura pas d'émeutes de la faim», pronostique Michel Portier, directeur général du cabinet de conseil Agritel. Les pays du Maghreb, et notamment l'Egypte et l'Algérie, premier et troisième importateurs mondiaux de blé, ont mis en place des systèmes d'amortissement pour éviter des hausses brusques des prix à la consommation. Au moins jusqu'en 2008, l'Algérie était dans le «top 5» des acheteurs de céréales, avec pour partenaires traditionnels la France, le Canada, les Etats-Unis d'Amérique, l'Espagne et l'Italie. Pour ces pays, l'Algérie était un client potentiel. Et pour cause, selon les périodes, les exportateurs engrangeaient entre 500 millions et 1 milliard de dollars par an. L'Algérie a réalisé une production de 6,1 millions de tonnes de céréales en 2010, soit un niveau record quasi identique à celui enregistré au cours l'année dernière. Avec de tels résultats, elle est à l'abri, puisque pour la deuxième année consécutive, le gouvernement n'aura pas eu à recourir à l'importation. Mieux, il n'est pas exclu que les surplus de stocks soit exportés, comme ce fut le cas récemment pour quelques milliers de tonnes d'orge. La très forte volatilité du marché s'explique principalement par l'écart entre les bonnes perspectives de récoltes, qui ont porté le marché à la fin de l'année 2009, et la sécheresse qui s'est, depuis, abattue sur les pays exportateurs de la mer Noire dont, en premier lieu, la Russie. Touché par une vague de chaleur sans précédent, le troisième exportateur mondial de céréales a revu fortement à la baisse ses prévisions de récolte et d'exportation. Environ dix millions d'hectares de culture ont été détruits, soit 20% de la surface cultivable du pays. Et si la canicule dure, le pays pourrait également privilégier sa consommation intérieure et ne rien exporter du tout, analyse Michel Portier. Le premier ministre russe Vladimir Poutine a d'ailleurs annoncé, jeudi 5 août, un embargo temporaire sur les exportations de blé. Les récoltes sont également en repli en Europe de l'Ouest, dans des pays comme la France et l'Allemagne. Le Canada, quatrième plus gros exportateur, a lui été touché par de fortes inondations au printemps.