«Le marché informel a pris des proportions alarmantes à tel point que les services chargés de son contrôle ne peuvent plus faire face.» Le manque à gagner annuel subi par le Trésor public suite à la prolifération de ce marché s'élève à 350 milliards DA, nous a indiqué hier M. Boulenouar, responsable de la communication à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). En dressant ce constat, ce responsable estimera que le recensement général des commerçants qui sera effectué dans le cadre de l'opération de recensement économique prévu pour 2011 n'aboutira à aucun résultat probant. Il explique que tant que le marché informel est aussi important en représentant 60% de l'activité commerciale, le recensement sera juste une formalité. «Les points de vente informelle quotidiens et hebdomadaires sont au nombre de 1500 à travers le pays, employant une moyenne de 1,5 million de personnes», a-t-il précisé. Il pointe du doigt les importateurs qui alimentent le marché informel et écoulent des produits de qualité douteuse. Les commerces informels sont aussi les lieux par excellence pour la vente des produits de contrebande et de contrefaçon. M. Boulenouar considère, à cet effet, que le projet de recensement ne sera réussi qu'après avoir répondu à certaines conditions. A défaut, les statistiques existant déjà au niveau du Centre national du registre du commerce (CNRC) peuvent être exploitées sans recourir à un recensement. Revenant sur les démarches à effectuer avant la réalisation d'un recensement, il a cité notamment le lancement d'une enquête nationale pour déterminer le taux réel du marché informel et déterminer avec exactitude le préjudice causé à l'économie nationale et la santé des consommateurs. Selon lui, «80% des intoxications alimentaires ont pour origine la consommation de produits achetés au niveau de l'informel». Le responsable de l'UGCAA a regretté la négligence des pouvoirs publics du danger du marché informel en le considérant comme une «solution temporaire pour lutter contre le chômage». Alors que les besoins de la population ne peuvent être couverts que par 3,5 millions de commerces, l'Algérie ne compte actuellement que 1,3 millions de commerces. L'écart est couvert par le marché informel, a-t-il déploré. Pour rappel, entre autres objectifs du recensement économique national figure la création d'une banque de données numérisées sur les unités économiques dans les différents secteurs et administrations et l'élaboration d'un annuaire des personnes morales et physiques ainsi que des entités administratives et associatives. Ce projet permettra de disposer d'une base d'informations pour l'ensemble des enquêtes qui seront réalisées auprès des entreprises et le suivi et la maîtrise des paramètres et indicateurs des différents secteurs d'activité hors agriculture. Le recensement permettra également de procéder à la conception d'une carte de répartition géographique des entreprises économiques et de s'enquérir du degré d'investissement économique et des possibilités de travail qu'offre le marché.