John Bolton, l'ex-ambassadeur US aux Nations unies, a fait un retour fracassant sur la scène médiatique. L'homme qui a vu lui aussi des armes de destruction massive partout en Irak a estimé qu'il reste à peine une semaine à Israël s'il veut détruire la nouvelle centrale nucléaire iranienne que les ingénieurs russes mettront en route dès le 21 août prochain. Dépassé ce délai, il sera trop tard pour mener une attaque ciblée contre le site de Bouchehr du fait qu'elle provoquerait des fuites radioactives. La République islamique d'Iran tremble-t-elle à l'idée de cette éventuelle frappe, suggérée presque par le redoutable Bolton ? Elle n'attache aucune importance à ce mauvais présage, elle n'est ni à la première menace ni au dernier avertissement contre son régime. Devenu l'allié des mollahs, la Turquie fera-t-elle preuve de la même attitude résolue face à l'administration US et face à son chef ? Selon le Financial Times, le Président Obama a averti Erdogan du risque de ne plus pouvoir l'approvisionner en armes si son gouvernement ne changeait pas de politique envers l'Iran et l'Etat hébreu. Si la Turquie ne se décide pas à bouder les mollahs et à rouvrir grands ses bras à Netanyahu - L'Egyptien Thawahiri (numéro 2 d'Al Qaïda) serait si déçu -, le Congrès américain serait chargé de bloquer des contrats de vente d'armes à son allié dont les exportations militaires proviennent à 80% des Etats-Unis. Une catastrophe pour les gardiens du Bosphore qui, en plus de se refuser catégoriquement à lever l'état d'urgence régional, compte bien mater les indépendantistes kurdes. Qu'ils aient pris les devants, en proclamant une trêve de cinq semaines, cela ne change absolument rien. Le gouvernement d'Erdogan compte bel et bien raser le PKK de la carte avant, pendant et après le désengagement des troupes américaines d'Irak. Pour y réussir, la Turquie doit absolument choisir son camp. Où elle continue d'être membre à part entière de l'Otan ou elle se tourne totalement vers le monde arabo-musulman, quitte à voir s'abattre les foudres de l'Occident. Car, semble-t-il, aux yeux de Washington, le rôle d'équilibriste ne lui va plus du tout. Surtout si son rapprochement avec le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien venait à se renforcer. L'AKP, le parti islamo-conservateur, au pouvoir en Turquie, saura-t-il tout prochainement sur quel pied danser ? A s'en tenir aux analyses d'experts, ce ne sont pas les «pactes» passés entre Ankara et ses nouveaux alliés proche et moyen-orientaux qui irritent Washington au premier degré. Mais bien ce rapprochement qu'elle ne cesse d'opérer envers la Fédération de Russie et du Président Medvedev qui a reçu, ensemble, les Présidents afghan et pakistanais à Sotchi ! C'est dire que la White House n'a pas oublié que la Turquie a commandé deux centrales nucléaires au géant russe, la facture s'élevant à 20 milliards de dollars. En tant que membre à part entière de l'Otan, la Turquie a-t-elle été rappelée à l'ordre par ses «grands frères», histoire de lui signifier qu'après le déploiement du bouclier antimissiles US en Europe de l'Est et le déploiement de missiles S-300 russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud, les choses sont en train de changer de fond en comble ? En termes diplomatiques, le multilatéralisme, comme nouvel ordre mondial post-Bush, que promettait Hillary Clinton à tout bout de champ, n'est pas prêt à sortir de terre. Et puisque l'unilatéralisme reste la règle universelle, à chacun de choisir son camp et de faire le bon choix. Pourvu que la Turquie sache faire le sien.