L'amélioration de la couverture des besoins en médicaments par le recours à la production nationale est possible mais à condition de satisfaire certaines conditions à même de promouvoir cette production. Entre autres mesures attendues par les opérateurs pharmaceutiques, figure l'octroi de crédits bonifiés pour réaliser de nouveaux investissements, a indiqué hier Ammar Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (Unop). Sollicité pour donner son avis sur les récentes déclarations du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui a parlé de l'objectif de satisfaire 70% des besoins du pays en médicaments à l'horizon 2014, M. Ziad a rappelé que son organisation a plaidé depuis des années pour atteindre cet objectif. Mais, regrettera-t-il, la politique du secteur pharmaceutique n'a pas évolué. Même si le ministre a affirmé que son département «a les moyens de sa politique», le président de l'Unop a souhaité qu'avant d'engager une stratégie pour relancer le secteur pharmaceutique, le ministère devra engager un débat ouvert avec les opérateurs pharmaceutiques. Car en l'absence d'un débat, les mesures prises par le ministère pourront s'avérer inefficaces, a-t-il estimé. Et de rappeler dans ce contexte la mesure prise en 2009 portant sur l'interdiction d'importer des médicaments fabriqués localement. Même si la disposition est louable, elle s'avère insuffisante puisque la liste de médicaments interdits à l'importation n'a pas évolué. Pourtant, l'objectif du département de Djamel Ould Abbès est de faire baisser davantage la facture des importations de médicaments voire «interrompre carrément l'importation, si les unités algériennes de production pharmaceutique s'engageaient sérieusement pour garantir une autosuffisance en la matière». Or, ajoute M. Ziad, l'instauration du crédit documentaire comme seul moyen de payement des opérations du commerce extérieur, instauré dans la loi de finances complémentaire 2009, a lourdement pénalisé les producteurs de médicaments. «Cette disposition a paralysé de nombreuses entreprises de production pharmaceutique», s'est-il plaint. Des lenteurs bureaucratiques L'autre difficulté à laquelle font face les opérateurs concernent les lenteurs rencontrées pour enregistrer un nouveau médicament. Le ministère de la Santé tarde à délivrer le certificat de libre vente (CLV) et le délivre dans un délai allant entre 6 à 12 mois, ce qui est pénalisant pour les entreprises, souhaitant que ce délai soit réduit à 3 mois. En sus de ces lenteurs, la Caisse nationale de la sécurité sociale accuse encore d'autres retards pour faire figurer le nouveau médicament dans la nomenclature des médicaments remboursables. Cette opération, souhaite le président de l'Unop, devra être simultanée avec la délivrance du CLV pour ne pas pénaliser les malades et permettre le remboursement du nouveau médicament. Le ministre de la Santé et de la population est sollicité d'ores et déjà à engager un dialogue sur l'avenir de la production nationale.