Alors que le ministre de la santé et de la réforme hospitalière évoque à chacune de ses sorties la nécessité d'humaniser les hôpitaux et autres structures de santé, notamment dans le volet accueil du patient, les victimes des erreurs médicales sortent enfin de leur mutisme et l'interpellent via le comité «SOS erreurs médicales» qui active sous la bannière de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). Depuis 2009, pas moins de 81 dossiers relatifs aux erreurs médicales ont été enregistrés par ledit comité, dont 70% ont été commises dans le secteur public. «Ce chiffre est loin de refléter la réalité», explique Mlle Nadia Tamzaït, porte-parole du comité, dans une conférence de presse animée hier au siège de LADDH. Cette déclaration corrobore à bien des égards les affirmations du conseil de l'Ordre des médecins qui a avancé un chiffre de 200 plaintes déposées en 2009. «Le chiffre peut être multiplié par 3, voire 5», affirme la conférencière dans la mesure, où, selon elle, bon nombre de victimes d'erreurs médicales n'ont pas saisi le comité en raison de la méconnaissance des lois et de leurs droits. «Rares sont les victimes conscientes et qui osent revendiquer leurs droits», ajoute Mlle Tamzaït qui explique que la plupart des cas surviennent dans les opérations chirurgicales en ophtalmologie ou en gynécologie. La conférencière dira par ailleurs que seuls 7 dossiers sur les 81 recensés ont été transmis à la justice. «Aucune de ces affaires n'a abouti à une condamnation ou une indemnisation», affirme la porte-parole du comité, indiquant que la plupart des victimes ignorent les procédures judiciaires et administratives pour faire valoir leurs droits à une assistance médicale par exemple. Elle regrettera dans le même contexte que les victimes acceptent en général le fait accompli, «el maktoub», et hésitent à ester en justice les médecins fautifs. «Les victimes d'erreurs médicales doivent se rendre compte qu'il est de leur droit de demander au médecin de réparer l'erreur. Le cas échéant, la victime a le droit de demander une indemnisation», explique Mlle Tamzaït qui dénonce «le silence des autorités concernées». Me Nadia Mansouri, avocate, considère pour sa part que «ces erreurs sont des crimes». Elle relatera pour étayer ses propos le drame vécu par une fillette de 6 ans devenue handicapée à 100% après avoir subi une simple opération au niveau de la gorge. A travers la sonnette d'alarme tirée par les deux conférencières, ce sont les pouvoirs publics qui sont interpellés, le ministère de la santé en tête, par les victimes de ces erreurs médicales.