Incontestablement, l'arrivée de l'Aid et de la rentrée scolaire est une rude épreuve à laquelle vont faire face les chefs de familles dont les bourses sont déjà saignées jusqu'à la moelle par les vacances scolaires, les fêtes et le Ramadhan. Ces deux échéances sont synonymes de grandes dépenses pas faciles à assurer d'où un sentiment d'angoisse qui envahit plusieurs couches de la société en ces temps où les prix de tous les produits, qu'ils soient alimentaires, vestimentaires ou fournitures scolaires prennent une courbe exponentielle. Depuis plusieurs jours déjà, les prix ont pris des ailes et vont jusqu'aux cimes. Une simple virée dans les marchés de la ville des Genêts et la vue des visages graves des pères de famille vous renseignent sur l'anxiété qui gagne ces derniers. L'angoisse est d'autant plus grande qu'à Tizi Ouzou, on se singularise par une pratique qui doit être réprimée : le non affichage des prix. En effet, sur les étals des marchés de la ville, aucun prix n'est affiché. C'est aux clients d'aller faire la tournée en demandant les prix de tous les produits avant de se décider à acheter ou à bouder. Ces prix annoncés sont ressentis comme un coup de massue sur les têtes de ces malheureux acheteurs qui se voient dans l'obligation d'acheter ces produits dont les prix, déjà très élevés, sont appelés à doubler ou même à tripler à fur et à mesure que l'Aid approche. C'est une constante à Tizi Ouzou. A la veille de chaque fête religieuse, c'est la débandade. Il est à signaler que les prix ont parfois doublé ou même triplé en comparaison avec les prix pratiqués la semaine dernière. La tomate et la courgette sont à pas moins de 50DA/kg, le haricot vert à plus de 80DA, la salade verte à 120 DA. Les prix de l'incontournable pomme de terre oscillent entre 40 et 45 DA/kg à la nouvelle ville alors qu'elle est cédée à 26 DA à la sortie de la ville. Même chose pour les viandes dont les prix donnent tout simplement le tournis. Même pour la viande congelée qui est actuellement affichée à 520 Da, on parle d'une éventuelle augmentation qui ira jusqu'à 600 Da le kg. C'est du moins ce que nous avons appris auprès d'un vendeur. La viande fraîche bovine coûte 700 DA/kg, ovine 800 DA et les viandes blanches, notamment le poulet, 330 DA/kg. Le fardeau de la rentrée En évoquant la rentrée scolaire, les pères de famille apostrophés font grise mine. Pour certains, elle est synonyme d'endettement. Il faut dire que l'éducation constitue en Kabylie le seul vrai héritage, inestimable aux yeux de ces parents qui triment jour et nuit pour assurer un avenir à leur progéniture. On pourrait dire qu'elle est presque sacrée dans cette région où d'ailleurs le taux de réussite au baccalauréat l'illustre si bien, puisque la wilaya de Tizi Ouzou est classée première pour la troisième année consécutive. Il est par ailleurs à signaler que les prix des articles scolaires demeurent inchangés en comparaison avec l'année dernière. Le début de l'année scolaire n'est pas seulement en rapport avec l'achat de fournitures scolaires, c'est aussi les vêtements. Les prix des vêtements, essentiellement importés, ont prix une montée vertigineuse et sont du fait inaccessibles pour la majorité des ménages, des produits made in China peuvent toujours faire l'affaire malgré leur qualité médiocre. C'est pourquoi on recourt à la friperie qui est un ultime recours pour les familles à modestes revenus. A ce titre, les friperies sont devenues la destinée par excellence des mères de famille qui n'arrêtent pas de faire des tournées pour dénicher une belle affaire. Les boutiques spécialisées sont prises d'assaut quotidiennement. Il suffit de faire un tour en ville pour voir l'étendue de cette tendance.