Mohamed Salah Mentouri est décédé hier à Alger d'un arrêt cardiaque à l'âge de 70 ans. Le défunt était connu pour son patriotisme, sa rigueur, son professionnalisme et son franc-parler. Ses analyses contredisaient parfois les discours triomphalistes officiels, et cette attitude, rare dans le monde politique algérien, lui a valu bien des inimitiés. Issu d'une famille de révolutionnaires, Mohamed Salah Mentouri est né il y a soixante-dix ans à Constantine, plus précisément dans la petite localité du Hamma. Suivant l'exemple de ses aînés et de nombreux jeunes de son âge révoltés par les massacres coloniaux d'août 1955, il s'engage dans les rangs de la résistance. Il devint membre de l'OC FLN à Constantine puis en Tunisie où il se fera remarquer pour son militantisme dans le cadre de l'Union générale des étudiants musulmans d'Algérie (UGEMA) dont il sera l'un des principaux leaders entre 1960 à 1962. Après l'indépendance, Mohamed Salah Mentouri entame sa vie professionnelle à la Banque d'Algérie avant de rejoindre la SN Repal, la société pétrolière algéro-française nationalisée en 1971. Syndicaliste éprouvé, il est élu à la direction centrale de l'UGTA. En 1969, il rejoint le ministère du Travail. Il est désigné par la suite directeur général de la Sécurité sociale, fonction qu'il assumera pendant une dizaine d'années sans interruption, soit de 1970-1980. Mohamed Salah Mentouri se fera surtout connaître dans le monde du travail et du syndicalisme comme l'un des défenseurs acharnés des droits des travailleurs. Il compte en effet parmi les rédacteurs des projets de textes ayant abouti, entre autres, aux lois sur la sécurité sociale et la médecine du travail. Nommé secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle de mars 1982 à janvier 1984, le défunt est par la suite désigné vice-ministre chargé des Sports puis vice-ministre chargé du Tourisme. Défendant des idées à contre-courant de la conception que l'on se faisait du secteur, le regretté Mentouri s'était fixé comme priorités la promotion du tourisme réceptif à travers la mise à niveau de ses infrastructures et leur développement. Le défunt voulait faire de l'Algérie la destination la plus prisée du Maghreb. Son rêve s'achève quelques mois seulement après sa nomination à ce poste. Il est éjecté du gouvernement, et son département sera supprimé, au grand étonnement des Algériens. Il faut attendre l'année 1989 pour voir réapparaître le défunt qui se fera connaître comme le premier président élu du Comité olympique algérien. Le défunt est nommé, en 1991, ministre du Travail et des Affaires sociales, puis ministre de la Santé et des Affaires sociales dans le gouvernement Ghozali. Il est élu, en décembre 1996, président du Conseil national économique et social (CNES), fonction qu'il occupera jusqu'en 2005. Quatre ans auparavant, il avait été élu président de l'Association internationale des conseils économiques et sociaux.