Appréhendés par des éléments de la police dans l'un des blocs des 100 locaux commerciaux d'Ighzer Amokrane (50 km au sud-ouest de Béjaïa), les 10 jeunes accusés de non-observance du jeûne ont comparu hier devant le juge d'instruction du tribunal d'Akbou , qui a décidé de renvoyer l'affaire au 8 novembre prochain, en raison de l'absence de «deux témoins» et d'un accusé, tous issus du même groupe. L'accusé principal, C.A., 27 ans, propriétaire du local où le groupe des jeunes a été appréhendé, a bénéficié de la liberté provisoire. Selon des recoupements, l'affaire remonte au 29 août dernier, soit un dimanche aux environs de midi, lorsque des agents de la police du commissariat d'Ighzer mokrane font irruption dans un bloc des 100 locaux commerciaux au 2e étage pour appréhender les dix jeunes âgés entre 20 et 30 ans se trouvant à l'intérieur d'un local. quelques-uns parviennent à monter sur la terrasse où ils seront appréhendés à leur tour. A ces jeunes, il leur est reproché de ne pas avoir observé le jeûne. Selon des accusés avec qui nous nous sommes entretenus, les jeunes ont été menottés et conduits manu militari au commissariat, non sans avoir été «humiliés dans la rue», selon leurs dires pour «servir de leçon aux autres non-jeûneurs». Au commissariat, ils signeront des PV «sous la contrainte» poursuivent-ils. C.A., le propriétaire du local sera quant à lui présenté au procureur de la république près le tribunal d'Akbou, qui l'a mis en détention provisoire. le reste du groupe (9 jeunes) est remis en liberté avec des convocations pour comparution devant le tribunal d'Akbou. Dans cette affaire où il y a beaucoup de zones d'ombre au demeurant, deux jeunes du même groupe sont cités comme témoins! Ces deux jeunes avec qui nous nous sommes entretenus affirment avoir pénétré dans ce bloc pour «s'enquérir de leurs locaux commerciaux» avant d'être embarqués par les policiers qui les ont présentés comme témoins dans cette affaire. Pour en revenir au propriétaire du local, l'accusé principal C.A., celui-ci, selon des sources, utilisait son local comme lieu de grillades de fortune où, depuis le début du mois de ramadhan, il commerçait dans ce créneau durant la nuit, histoire de se faire de l'argent. Ce local lui sert aussi de gîte pour la nuit. Selon des propriétaires de locaux commerciaux, les 100 locaux ne sont pas encore tous distribués. en effet, 4 d'entre eux seulement abritent des activités, les autres, même avec rideaux, «demeurent ouverts». Par ailleurs, dans la matinée d'hier, il n'y avait pas grand-monde pour assister au procès, seuls les accusés, leurs proches et amis étaient présents sur les lieux. Les observateurs expliquent que cela est dû à la non-médiatisation de l'affaire. Pour l'un des accusés : «Ce n'est pas parce qu'on est lâchés par les nôtres, mais la solidarité s'organise pour nous», dira-t-il en substance.