Mesures «encourageantes» par-ci, menaces de sévir par-là, le ministre de l'Education nationale semble, selon les syndicats autonomes, «jouer avec le feu». «Le ministre est en panne de réflexion», tranchera d'emblée Achour Idir, porte-parole du CLA dans une déclaration au Temps d'Algérie, qualifiant «de mensongères» les déclarations du ministre qui a fait encore une promesse sans lendemain», précisera notre interlocuteur, de rémunérer les enseignants contractuels de façon régulière. «Les contractuels occupent des postes budgétaires depuis longtemps, et il y a suffisamment d'argent pour les payer mensuellement», explique M. Idir, tout en s'interrogeant : «Où sont les mesures concrètes qu'il a prises ?». Selon lui, le problème réside dans un déficit d'effectif au niveau des centres de paie qu'il faut combler. «Le ministre n'a soufflé mot à ce propos», fait-il remarquer. Pour sa part, le chargé de la communication du Cnapest, Messaoud Boudiba, considère que le ministre a pris du retard pour prendre en charge les revendications des contractuels, souhaitant toutefois que les propos du ministre ne restent pas au stade de promesses. «Nous espérons que des décisions effectives suivent», dira Boudiba, rappelant «l'injustice» subie par les contractuels «qui dure depuis 4 ans». Pour lui, le ministre doit aussi prendre des mesures urgentes par le biais de circulaires à titre d'exemple, pour favoriser les contractuels lors des concours «d'autant plus que ces derniers auront lieu dans quelques jours (20 septembre ndlr)».Dans le même registre, le chef de file du CLA croit savoir que cette promesse du ministre est totalement fausse. «Comment peut-il les favoriser ? Sur quels critères va-t-il s'appuyer alors que leurs dossiers de candidature ne contiennent pas un certificat de travail qui prouve leur statut», s'interroge-t-il. Les quelques enseignants contractuels que nous avons contactés, même s'ils se félicitent des déclarations du ministre, hésitent de faire des déclarations «hâtives», préférant «attendre pour voir». «En tout cas, finira par répondre l'un d'eux sans grande conviction, nous avons l'habitude des promesses». «Nous agirons à notre tour» En plus de considérer les toutes dernières déclarations à propos de la rémunération régulière des enseignants contractuels de simples promesses, ils qualifient la menace d'agir «avec fermeté» de provocation supplémentaire, leurs revendications étant légitimes. «Nous agirons à notre tour», diront les représentants syndicaux.La rentrée est pour le lendemain de l'Aïd et la tension est omniprésente, exacerbée par les menaces de Benbouzid de sévir contre tous ceux qui veulent la perturber. Depuis la menace d'exclure les enseignants ayant cumulé 3 jours d'absences non justifiées, Benbouzid est revenu à la charge en sommant les intendants de son secteur, en grève depuis le 5 septembre, de reprendre le travail, auquel cas, il agira «avec fermeté». Un message à peine voilé aux autres syndicats ayant affiché leur intention de reprendre la protesta au lendemain de la rentrée. «Ça ne nous fait pas peur», répond Achour Idir qui affiche la solidarité du CLA avec les intendants. «Nous allons être présents lors des rassemblements qu'il ont prévus devant les directions de l'éducation», affirme-t-il, ajoutant que si le ministre persiste dans cette voie, «il aura affaire à tous les syndicats». «Si le ministre veut une rentrée sans protestation, il faut qu'il agisse dans l'immédiat en prenant en charge effectivement les revendications légitimes des enseignants», dira de son côté Messaoud Boudiba avant d'ajouter : «On ne reculera pas devant ses menaces, nous agirons à notre tour». L'ouverture des portes du dialogue et la reconnaissance des syndicats en tant que partenaires sociaux à part entière sont à même d'apaiser la tension, selon Boudiba, d'autant qu'au niveau de la base, «ça bouillonne», dit-il, rappelant que des décisions à cet effet sont à prendre lors du conseil national du Cnapest qui aura lieu durant la deuxième moitié de septembre. «Les conseils de wilaya son déjà à pied d'œuvre», révèle-t-il. Des actions «communes» sont en vue, apprend-on, les syndicats autonomes sont en concertation dans le cadre de l'intersyndicale ou de la CSA (Confédération des syndicats autonomes). La couleur est annoncée.