Les nouvelles décisions du ministère de l'Education relatives à la revalorisation du régime indemnitaire n'ont pas laissé les syndicats du secteur indifférents. Si certains, à l'instar du SNTE, ont décidé de surseoir à leur mouvement de grève, d'autres devraient retourner à leur base pour d'éventuelles suites à donner et à leurs mouvements respectifs et aux nouvelles mesures consignées dans «le fax» du ministère. Les conclusions de la commission ad hoc, à laquelle ces syndicats n'ont pas pris part, ne sont pas, selon certains d'entre eux, «conformes à ce qui a été décidé en commission mixte». «De la poudre aux yeux», disent certains, destinée à tromper et l'opinion publique et les enseignants qui attendent aussi les réponses de la tutelle à propos des dossiers des œuvres sociales et de la médecine du travail. «Nous ne sommes pas satisfaits des chiffres et des pourcentages avancés par la tutelle, d'autant plus qu'ils ne correspondent nullement à ce qui a été décidé en commission mixte», dira d'emblée Messaoud Boudiba, chargé de la communication du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) alors que, affirme-t-il, «les enseignants qui ont réclamé une augmentation de l'ordre de 370% voient leur salaire augmenter d'un infime pourcentage de 29 à 30%». Une différence de taille pour Boudiba qui estime que cela relève d'une volonté de tromper l'opinion publique et les enseignants eux-mêmes. Tout en s'interrogeant sur le plafonnement du pourcentage, notre interlocuteur n'omettra pas de relever le manque de précision de ces augmentations, notamment en ce qui concerne les primes dont les valeurs ne sont pas connues. «Il y a des primes variables comme la prime de rendement», dit-il, rappelant que certains enseignants ne percevront pas plus de 6000 DA d'augmentation. La même voix qui affirme que la grève initiée avec l'Unpef sera maintenue, regrette que le ministère, dont il déplore la manière d'agir avec les syndicats, ne s'est pas prononcé sur les deux autres dossiers relatifs aux œuvres sociales et à la médecine du travail. «Il y a des gens au ministère qui poussent vers le pourrissement», déclare-t-il, avouant toutefois que c'est à la base de trancher sur les suites à donner au mouvement. Le Cla «pris de court» De son côté, le porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Achour Idir, dont le syndicat est en grève d'une semaine renouvelable depuis le 21, grève qui a mobilisé selon lui 12 000 enseignants, avoue qu'il a été «pris de court». Il nous fait cette première lecture : «Nous disons que c'est une demi-victoire», en précisant que le ministère doit aussi s'exprimer sur d'autres revendications du CLA, à savoir le statut particulier et le départ à la retraite après 25 ans de travail. Même si la grève continue pour le CLA, «ce sera au conseil national qui se tiendra aujourd'hui de trancher sur la suite à donner au mouvement», dira encore M. Idir qui condamne par là même, la manière avec laquelle le ministère a rendu publiques ces décisions ainsi que l'exclusion des corps communs de ces augmentations. «Ils veulent monter la société civile et les parents d'élèves contre nous», affirme-t-il, déplorant également le fait que les salaires des enseignants soient étalés «au grand public». «On aimerait bien connaître également les salaires des ministres», ironise-t-il. Pour Meziane Meriane, du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), «ce sera le conseil national extraordinaire qui se tient aujourd'hui qui évaluera la situation». M. Meriane estime cependant qu'un flou entoure ces augmentations dans la mesure où «l'on ne connaît pas encore la valeur financière des primes». Une valeur globale colossale si l'on croit le conseiller du ministre qui s'exprimait hier sur les ondes de la Radio nationale, que les syndicats considèrent comme «de la poudre aux yeux».