Abdelaâli est un jeune vieux détenteur et sniffeur qui a été «balancé» à la police qui le présente au parquet d'El Harrach, juridiction «favorite» de la cour d'Alger. Et les parquetiers d'El Harrach ne jouent jamais avec le feu ni les sentiments. Et le pauvre détenu va vivre des moments où les vertes et les pas mûres feront qu'il verra le pupitre où se trouve Oussaâdi, le juge, tout haut en couleurs où prédominent le noir et le blanc qui vont éblouir l'inculpé. Le blanc, symbole de la came et le noir, celui d'une détention que lui infligera une semaine plus tard le président de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach Un président que ne réussiront pas à amadouer les deux vifs défenseurs qui feront leur boulot à la limite de la correction, car l'ire avait gagné les deux conseils. Finalement, le juge retiendra la détention et les quatorze grammes seront considérés comme à destination d'usage... Quatorze grammes trouvés sur Abdelaâli L. âgé d'une soixantaine d'années ont fait de lui un petit menu dealer en herbe qui joue au trafiquant de drogue. ça c'est l'inculpation. L'officiel ! Quatorze grammes de came ont fait du détenu un inculpé de détention et de commercialisation de drogue et risque donc très gros. Même défendu par deux avocats, Me Tahar Khiar et Me Abdellah Kidjaouar, le détenu jouait à cache-cache face à ce rusé juge du siège Ahmed Oussaâdi et cette renarde de Barkahoum Messaoudi, la procureure qui s'était jointe à la mêlée de la barre en donnant des appréciations que le délégué du bâtonnier d'Alger avait laissées sur le banc d'une assistance plus qu'émue, car outre les larmes de ses deux filles assises au milieu de la salle, celles du papa avaient fendu les cœurs sauf ceux du juge, de la procureure et de la greffière dont la mine démontée démontrait qu'à quinze heures, la fatigue venait d'avoir raison de toute résistance. Et ces remarques étaient faites au moment où l'inculpé assurait que c'était un malade, et qu'il sniffait depuis trente ans ! «Oui, je suis un drogué !» Les débats prirent une autre tournure lorsque Me Khiar avait révélé que la découverte de la came avait été faite sur perquisition au domicile suite à une «fuite» venue de l'extérieur. «Il a été vendu !», s'était écrié l'avocat qui a regretté cette délation qui a brisé cette famille déjà déchirée , résidant dans un bidonville, six enfants affamés, un environnement défavorable. En plus de l'étiquette que ce jeune porte dans le quartier et surtout du côté du commissariat de police. D'ailleurs les deux avocats, tout en reconnaissant la détention et l'usage de drogue, ont rejeté la commercialisation, car il a été «vendu» à la police pour lui nuire et nuire à la famille et les enfants en bas âge, ses frères et sœurs désormais à la merci de la misère qui peut faire mal, très mal. Probablement fixé sur ses intentions, les siennes, Oussaâdi avait pris acte des demandes de Messaoudi. Dix ans pour l'inculpé en fuite et cinq autres années fermes pour Abdelaâli L. lequel allait se tenir la tête et maudire celui ou ceux qui l'ont donné tout cru aux dents acérées du parquet d'abord et aux grosses mâchoires carnassières du tribunal. A la question s'il allait interjeter appel, le frais condamné souffle : «Pour être rejuger devant monsieur Belkharchi ? Jamais. Je préfère garder mes cinq années surtout que la procureure en avait demandé douze ! Et si le ministère public faisait appel, j'irais devant les trois juges avec un drapeau blanc et sans avocat. Je n'ai aucune chance, déjà que ce Oussaâdi a été ‘'gentil'' avec moi, alors je préfère garder ce statut d'un condamné à une ‘'petite'' peine, au vu des demandes du parquet et de la loi et son article ‘'174''», balance le mec qui nous a priés de transmettre ses regrets à la justice. C'est fait.