Les combats ont repris, hier, entre l'armée mauritanienne et les éléments d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au nord du Mali. Une source militaire à Nouakchott a indiqué que l'artillerie mauritanienne a pilonné des positions des groupes terroristes, mais sans donner de bilan sur ces nouveaux affrontements. Devant l'aggravation de la situation sécuritaire, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a réuni un miniconseil des ministres avec les départements de l'intérieur, de la défense et du ministre secrétaire général à la Présidence. A l'ordre du jour, l'évolution de la situation après les accrochages de vendredi et de samedi derniers avec les combattants d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), preuve que la guerre a bel et bien commencé entre la Mauritanie et les groupes terroristes proches de l'organisation de Ben Laden. Le bilan officiel publié avant-hier par le ministère mauritanien de la Défense, à l'issue des violents combats qui se sont produits samedi et vendredi en territoire malien, fait état du décès de 6 soldats mauritaniens et de l'élimination de 12 terroristes. Le ministre a en outre affirmé que l'opération militaire engagée en territoire malien revêtait un caractère préventif et qu'elle a été décidée suite à des informations faisant cas de mouvements d'éléments d'Aqmi tout le long de la frontière et les préparatifs d'une attaque sur l'une des bases avancées de l'armée mauritanienne. Ces affirmations contrastent avec les observations faites sur le champ des combats où l'on a constaté un plus grand nombre de tués dans les rangs mauritaniens, outre la perte de plusieurs de leurs véhicules tombés aux mains d'Aqmi. Des informations contradictoires circulent depuis vendredi sur cette opération, la seconde menée par les Mauritaniens en territoire malien. Certaines sources affirment que l'armée mauritanienne aurait été entraînée dans un guet-apens en plein désert. C'est ce qui explique, selon certains observateurs, l'entrée en scène de deux avions de chasse mauritaniens. Les mêmes observateurs font valoir que Paris pourrait avoir appuyé l'armée mauritanienne de différentes manières, mais sans engager de troupes sur le terrain. Un journal mauritanien a révélé à ce propos que la France s'est désistée au dernier moment de cette opération qui était préparée depuis deux mois, en raison probablement de l'enlèvement de cinq de ses ressortissants employés au Niger. Les affrontements ont provoqué une onde de choc au sein de la société mauritanienne qui se dit unie derrière son armée. Des intellectuels ont appelé à la vigilance, considérant que tout ce qui est écrit sur les pertes supposées ou réelles de l'armée mauritanienne ne sert en définitive qu'à saper son moral. Les formations politiques sont du même avis, qui recommandent l'union sacrée derrière l'armée en ces moments difficiles. Le Parti de l'alliance démocratique (PAD) de Bollahy Ould Taleb Ethmane a déclaré dans un communiqué qu'il «soutient fermement l'opération menée par l'armée mauritanienne contre les rebelles dits d'Al Qaïda». Il invite tous les patriotes à «se tenir prêts» en cas de nécessité et «apporte un soutien sans réserve» aux forces armées pour réduire les insurgés et rendre force à la loi sur toute l'étendue du territoire mauritanien. Dans le même temps, la France multiplie les recherches pour localiser les 7 travailleurs enlevés à Arlit. Le porte-parole du gouvernement français a affirmé par ailleurs que Paris ne laissera jamais tomber ses compatriotes, ceci au moment où grossit une polémique autour de la responsabilité d'Areva et du gouvernement nigérien, tous deux accusés de n'avoir pu assurer la sécurité des employés.