L'Aïd et la rentrée scolaire ont écorché les bourses des citoyens de la classe moyenne. La cherté de la vie a mis également les esprits de ces citoyens à rude épreuve puisqu'ils sont obligés de faire une vraie gymnastique pour subvenir à leurs besoins. Les couches démunies qui pouvaient faire les frais de ce phénomène auquel elles ne sont pas préparées ont eu droit à un mouvement de solidarité à grande échelle. C'est même le principal enseignement de ces événements. C'est aussi le point positif enregistré. Les traditions d'entraide du peuple algérien se sont perpétuées. Même l'Etat a pesé dans la balance qui a permis à beaucoup de personnes de passer ces événements tranquillement ou presque. Dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, 27 000 familles ont bénéficié de couffins et 42 000 repas ont été servis aux pauvres. Un nombre important d'habits a été également distribué à l'occasion de l'aïd. Pour la rentrée scolaire, 62 000 élèves démunis ont eu droit à 3000 dinars d'aide et à la gratuité des livres scolaires. Plus de 30 000 autres ont bénéficié de trousseaux scolaires gratuitement. Ceux qui habitent les villages vont à la cantine et profitent du transport scolaire. Mais la question qui reste posée au lendemain de tous ces événements est relative au sort de tous ces démunis après ce mouvement de solidarité, car la vie ne s'arrête à l'Aïd ou à la rentrée. La solidarité également ne devrait pas se limiter à ces deux conjonctures. Les 27 000 familles qui ont bénéficié de couffins doivent manger, boire et se soigner. Seront-elles abandonnées à leur sort après l'opération du ramadhan ? Mme Bouaoune Aïcha, directrice de l'action sociale au niveau de la wilaya, affirme que 14 500 personnes bénéficient de l'AFS à travers la wilaya. Cette allocation forfaitaire de solidarité de 4000 dinars permet à ceux qui y ont droit de subvenir en partie à leurs besoins et surtout de bénéficier de la gratuité des soins. Mme Bouaoune rappelle également que tous les dispositifs d'aide à l'emploi permettent aux personnes inscrites de recevoir un pécule et de se soigner gratuitement. Et les autres ? Les démunis peuvent frapper aux portes des 81 associations Mme Bouaoune qui insiste sur le rôle du mouvement associatif souligne également que le problème qui gêne le secteur le plus consiste en l'identification des démunis. Combien sont-ils ? Sont-ils réellement pauvres et à quelle catégorie appartiennent-ils ? s'interroge la nouvelle directrice qui déclare que la première action qu'elle veut entreprendre est l'assainissement des listes des pauvres de la wilaya. On peut ajouter à ces interrogations celle de la multiplicité des intervenants qui cause une dispersion des efforts et les faux démunis qui profitent de ce manque de transparence pour détourner les aides. La directrice compte responsabiliser les APC. Cette cellule de base de l'Etat devrait être à même de connaître ses administrés et d'identifier leurs besoins. Mais les vicissitudes politiques et tribales, quand ce n'est pas la mauvaise gestion ne permettent pas aux APC de jouer leur rôle. En attendant, les démunis n'ont d'autre choix que de frapper aux portes des associations. La wilaya de Bordj Bou Arréridj compte 81 associations spécialisées dans le social. Certaines ont un champ d'action limité. Elles activent sur le territoire d'une commune ou d'une daïra. Le manque de moyens ne leur permet pas de faire grand-chose. Elles comptent souvent sur les dons de particuliers. Beaucoup d'entre eux se tournent aussi vers la mendicité. D'ailleurs, une commune du nord de la wilaya est connue pour être le pourvoyeur principal de mendiants, notamment au chef-lieu de wilaya. L'image de richesse que laisse supposer le caractère industriel de la wilaya est vite cassée par ces scènes de personnes qui demandent l'aumône et par le caractère misérable de plusieurs localités isolées. La synchronisation entre toutes les bonnes initiatives, Etat, collectivités locales, mouvement associatif et particuliers peut atténuer quelque peu cette image et surtout assurer une aide permanente et conséquente aux démunis de la wilaya dont le nombre ne cesse de grandir. La faim n'est pas seulement liée au ramadhan, le f'tour aussi.